L’Afrique du Sud – Vie sauvage au parc Kruger

Au menu des safaris d’Afrique du Sud, le petit parc d’Hluluwe Imfolozi aura fait office d’entrée savoureuse, et l’heure est venue de passer au plat de résistance avec l’immense parc national du Kruger.

De la taille de la Lorraine, il occupe toute la bande frontalière avec le Mozambique, au Nord-Est du pays, et fut le premier parc national créé dans le pays en 1926.

Entre les deux parcs, 500km de route et le petit état-royaume du Swaziland où règne le dernier monarque absolu d’Afrique. Notre plan initial était de traverser le Swaziland et d’en profiter pour y passer quelques jours. Plan contrarié lorsque nous réalisons qu’il nous manque une lettre d’autorisation d’Europcar pour passer la frontière avec la voiture ; et comme il serait bien trop long de redescendre à Durban pour l’obtenir, on décide de prendre la route sud-africaine qui longe le Swaziland par l’Ouest et de s’arrêter pour la nuit à Nelspruit pas loin d’une des entrées du Kruger.

La voiture avale les kilomètres et le poste radio balance les tubes du moment entrecoupés de commentaires en Xhosa incompréhensibles.

Pas grand-chose à signaler ce jour-là, si ce n’est une petite erreur d’orientation qui nous amène sur la route la plus “nid-de-poule-ée” qu’on ait jamais vu, où l’on doit même s’arrêter et faire marche arrière à plusieurs reprises pour passer, tandis qu’un panneau trône sur le bord de la route indiquant “zone de crime, ne pas s’arrêter”.

On arrive à Nelspruit dans la soirée où nous logeons chez une famille d’hôte très accueillante.

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Grand jardin, piscine et barbecue: le confort avec les tentes Safari

Le père, un habitué du Kruger, nous donne pleins de conseils pratiques pour profiter du Parc comme un local et nous prépare même un barbecue (une passion nationale). Une super soirée s’achève et on file au lit le ventre plein d’entrecôte en pensant à tous les carnivores qui nous attendent au Kruger.

Entrés dans le parc au petit matin, c’est carte à la main que nous passons de pistes en chemins de brousse cahoteux, au ralenti pour bien observer les alentours et sauver la voiture par la même occasion.

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Une hyène qui se repose de son activité nocturne
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Et d’autres habitants surpris au lever du soleil
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Scène digne du Roi Lion
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Koudou sur le chemin
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Juste quelques antilopes

Vers midi, on décide de s’arrêter pour déjeuner dans une cache aménagée en face d’un point d’eau, l’un des rares endroits en dehors des campements où il est autorisé de sortir de son véhicule.

Une demi-heure plus tard, les sandwichs sont engloutis et la discussion s’est engagée avec les six autres personnes présentes à la cache mais toujours pas l’ombre d’un animal venu s’abreuver. Malgré tout, on est contents d’être passés car on a fait connaissance avec une famille Suisse de grands voyageurs vraiment sympas : le père, la mère et les deux petites filles, embarqués dans une traversée de l’Afrique à bord d’un camion tout-terrain.

Tellement sympas que, de retour aux véhicules pour s’en aller, on visite le camion et l’on continue la conversation pendant une bonne heure. 

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La super famille de voyageurs ! (et leur super camion)

Au moment de vraiment partir, une des personnes restées à la cache en sort, récupère un gros appareil laissé dans sa voiture, nous dit de vite venir… Et là, le spectacle commence !

L’un après l’autre, des dizaines d’éléphants émergent de la savane pour venir boire, se rouler dans la boue et jouer entre eux. Une scène magnifique de plusieurs heures qui s’achève par leur passage devant la cache, un par un, pour sentir notre odeur et nous regarder de près, totalement conscients de notre présence. Une rencontre forte !

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Une des personnes présente, une photographe animalière, nous explique qu’en dix ans au Kruger, elle n’a jamais eu l’occasion de se trouver hors-véhicule aussi près et aussi longtemps de tant d’éléphants sauvages. On se sent vraiment chanceux et privilégiés, et notre premier jour nous semble déjà magique.

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Comment dit-on « au revoir » en éléphant ?

Une fois le dernier pachyderme parti, on remonte vite en voiture et l’on file au campement pour arriver avant la nuit tombée.

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Le soleil se couche, les hiboux sortent, rentrons vite au camp si on veut éviter l’amende

Arrivés juste avant que les rangers ne ferment le camp, on s’installe dans notre tente puis on part à la recherche d’un ouvre-boîte, outil crucial pour notre frugal dîner. C’est chez nos voisines, deux mamies sud-africaines en vadrouille dans le coin, que l’on trouve notre bonheur. On partage un bon moment à discuter de l’Afrique du Sud, de la France et de leurs vies, avant d’aller se coucher dans la fraîcheur des nuits hivernales d’Afrique australe.

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Boîte de thon et haricots rouges au menu… miam !

Le lendemain, le réveil indique 5h00 et le thermomètre 4°C, mais ça ne nous décourage pas à plier le camp fissa car, comme on l’a déjà dit, le lever de soleil est l’un des meilleurs moments pour apercevoir la vie sauvage.

Toujours sans guide, toujours dans notre petite voiture et toujours aussi enthousiastes, on s’élance donc à l’assaut des pistes. On n’a pas fait 1km au sortir du camp, qu’une voiture de rangers en patrouille dans le coin nous arrête et nous indique qu’ils ont aperçu des lionnes près d’une rivière un peu plus loin.

On s’engage dans la direction indiquée, aux aguets du moindre mouvement, pour finalement découvrir notre premier clan de lionnes, assoupies en bord de route, rien que pour nous. 

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Oups, on vient de réveiller quelqu’un

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Deuxième moment magique au Kruger en deux jours ! Il est 7h00 du matin et la journée a déjà un goût d’accomplissement mais on enchaîne tout de même pour 10h bonus de safari sans vraiment sentir la fatigue de la conduite ; il faut bien reconnaitre que c’est une activité franchement addictive. Voici donc un petit aperçu de la journée :

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Les gros
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Les petits
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Les oiseaux
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La girafe (et toujours les oiseaux)
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Les hippos
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Les antilopes
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Et un face à face pour finir

Le soir on prend nos quartiers au Lower Sabie, un superbe campement très prisé des locaux et où on a eu la chance de dégotter une petite hutte. Le dîner composé à 100% de produits locaux permet de fêter cette belle deuxième journée.

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Repas gastronomique avec pâté de Zèbre, saucisson de Koudou et vin rouge sud-africain

Juste avant le repas on passe quand même jeter un oeil aux panneaux qui permettent aux visiteurs d’indiquer l’emplacement où ils ont aperçu les stars du parc. Et, oui, tous les animaux ne sont pas égaux devant la curiosité des touristes et cinq espèces en particulier constituent le graal de tout apprenti explorateur de la brousse. Ces fameux « Big 5 » regroupent le lion, le léopard, le rhinocéros, le buffle et l’éléphant, les cinq espèces les plus dangereuses pour l’homme.

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Si vous voyez une pastille à l’emplacement de votre camp, fuyez !

Etonnés de ne voir aucune information sur les rhinocéros, on en demande la raison à des gens du coin. Ils nous expliquent qu’il est interdit de donner leur localisation afin d’éviter que les braconniers ne s’en servent pour aller les abattre et récupérer leurs cornes.

A l’occasion, on en apprend un peu plus sur les enjeux socio-économiques complexes autour du parc Kruger. Celui-ci représente en effet une frontière immense, sauvage et donc difficile à contrôler entre l’Afrique du Sud et son voisin beaucoup plus pauvre, le Mozambique. Il devient de fait une route migratoire tragique pour beaucoup de mozambicains tentant leur chance à travers la savane. Ces derniers finissent bien souvent par mourir de faim ou de soif, perdus dans ces grands espaces, ou bien encore tués par un animal sauvage, voire pris pour des braconniers et abattus par les rangers.

En même temps, la majorité des braconniers du parc sont mozambicains, car leur plus grande pauvreté les motive à choisir cette voie, sachant qu’une corne de rhinocéros représente jusqu’à deux années de salaire pour eux. La survie des rhinocéros du parc passe donc autant par la protection active des rangers que par le développement économique du Mozambique et l’éducation des populations asiatiques, principales consommatrices et moteur de la demande mondiale en corne.

Après avoir beaucoup parlé du rôle des rangers la veille au soir, notre troisième jour dans le parc est l’occasion de les rencontrer en vrai. Deux d’entre eux, armé de leur grand fusil, nous emmènent à l’aube expérimenter la savane sous un nouvel angle… à pied !

Avant de commencer cette balade surréelle au milieu des animaux sauvages, ils nous briefent sur la conduite à tenir en cas de rencontre avec les résidents potentiellement mortels : on a déjà le coeur qui s’emballe.

Puis on part en pleine nature, découvrir toutes sortes de traces laissées par la faune locale que les rangers nous apprennent à reconnaitre et déchiffrer. Nous apercevons des antilopes, visiblement bien plus apeurées par l’homme à pied que dans sa voiture, une famille de babouins peu impressionnés par notre présence, et pas mal de preuves que lions, buffles, rhinos, hippos et hyènes arpentent le coin.

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Les rangers, les antilopes et une empreinte de lion

En milieu de balade, nous entendons un lion rugir, à moins de cinq-cents mètres selon le ranger. Une expérience inoubliable ! 

Nos chemins ne se croiserons toutefois pas car il nous aurait apparemment senti ou vu bien avant que nous l’ayons entendu. Et il parait que ces gros chats préfèrent jouer la carte de la sécurité face à un animal qu’ils ne connaissent pas vraiment et gardent donc bien leurs distances. Tant mieux ou tant pis… à vous de juger.

En tout cas, bien contents de notre virée matinale, nous reprenons le volant dans l’après-midi pour sillonner une zone du parc surnommée la “vallée des léopards” dans l’espoir d’en apercevoir un. Malheureusement, pas de chance ce coup-ci, le soleil commence à se coucher et l’on prend donc le chemin du retour au camp lorsque l’on aperçoit deux voitures arrêtées au bord d’une plaine de hautes herbes. On leur demande ce qu’ils ont vu et ils pointent une forme mouvante au loin que l’on s’efforce de distinguer… un guépard !

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Seulement 120 guépards dans un espace grand comme la Lorraine, et on en trouve un !

Très bien camouflé dans les herbes jaunies par le soleil, sa démarche est magnifique à observer… On ne le lâchera des yeux qu’une fois qu’il aura disparu dans le lointain. 

Troisième moment magique en trois jours et il est temps de rentrer au campement où la nuit se remplit des effluves de barbecue sud-africain.

Notre quatrième et dernier jour au parc n’est en fait qu’une demi-journée car nous prévoyons de partir pour la bourgade de Graskop dans l’après-midi afin d’y visiter le canyon de la rivière Blyde, d’y dormir, et d’être prêts à parcourir les 400 km qui nous séparent de Johannesburg le lendemain.

Une ultime occasion d’apercevoir quelques scènes de vie sauvage avant de retourner dans le monde réel (celui des Hommes bien entendu).

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On quitte le parc Kruger après manger et on roule tranquillement pour atteindre ce fameux canyon au coucher du soleil où, parait-il, ses couleurs se révèlent. L’entrée du parc coûte quelques Rands (la monnaie sud-africaine) mais le gardien nous l’offre gracieusement, trop content de reconnaitre en Damien une star mondiale du catch : Daniel Bryan. C’est la dixième personne en Afrique du Sud qui nous fait la remarque… il doit vraiment y avoir un petit quelque chose ^^

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Devant le canyon et les « trois rondavelles », du nom des habitations circulaires locales

On rentre ensuite à l’auberge que nous avons réservée à Graskop. Le propriétaire est un Sud-Africain qui a vécu une dizaine d’année en Namibie et nous donne donc plein de bons conseils pour notre future visite du pays.

Avant de se coucher, on entreprend de laver la voiture pour faire disparaître toute trace de nos escapades sur pistes avant de la rendre. Dommage que nous n’ayons pas de photos avant lavage car la différence est saisissante !

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Escale à Graskop

Habitués à se lever tôt pendant le safari, on se réveille naturellement aux aurores le lendemain, prêts à prendre la longue route pour Johannesburg.

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