L’épopée sud-africaine se termine par une semaine en famille chez Kenric à Johannesburg.
Pour la petite histoire, Gisèle a rencontré Kenric lors d’un festival de musique en 2008, pendant qu’elle effectuait un stage au Danemark, et il ressemblait à ça:

En contact (vague) sur Facebook, elle lui a envoyé un message avant le départ pour savoir où il vivait et lui proposait de boire un verre si l’on passait dans les parages. Il se trouve que Kenric habite Johannesburg avec sa femme et ses 2 petites filles, et non content d’accepter de nous voir pour un verre, il nous propose carrément de nous héberger !
Proposition acceptée mais il faut bien avouer qu’on ne sait pas trop à quoi s’attendre. Cela fait 10 ans que Gisèle n’a pas vu Kenric et après tout elle ne le connait que d’une soirée en festival…
Après 4h de route depuis Graskop en prenant la route panoramique R532 (qui rappelle à Gisèle sa belle contrée auvergnate), nous rendons la voiture dans le centre de Johannesburg et retrouvons Kenric chez lui à Laezonia, en banlieue de Johannesburg. Il nous accueille à bras ouverts et nous apprend qu’il est à nouveau papa, d’un petit garçon né prématurément il y a 4 jours, mais qu’il ne nous a rien dit de peur qu’on annule notre visite ! Nous faisons donc la connaissance de Chantelle, sa femme, Kerala, 5 ans, Aralyia, 2 ans et Noah, 4 jours.

Une fois installés dans la chambre d’ami, il nous emmène faire le tour du propriétaire un bon verre de vin à la main. On découvre une maison immense aménagée à la sud-africaine : barbelés en tour de propriété, alarme, grilles aux fenêtres et à la porte d’entrée ainsi qu’à chaque chambre afin de pouvoir s’isoler si quelqu’un de mal intentionné venait à s’introduire dans la maison… C’est donc nous sachant bien protégés que nous glissons nos pieds sous la table pour un bon dîner tous ensemble et plus tard, que nous nous glissons sous les draps pour une bonne nuit.


Le lendemain, Kenric travaillant et Chantelle devant se rendre à l’hôpital pour quelques examens avec Noah, c’est seuls que nous partons à la découverte de Johannesburg. On commence par une visite à Maboneng Precinct, quartier recommandé par le Routard pour sa renaissance prometteuse, son côté hipster et ses galeries d’art. Alors, soit on s’est trompé d’endroit, soit c’était le mauvais jour pour s’y rendre, mais on n’a pas trouvé le quartier folichon… au contraire, on s’y est senti plutôt mal à l’aise et pas vraiment en sécurité surtout après qu’un gars faisant la manche nous menace à moitié si on ne lui donnait pas d’argent (connaissant le taux de criminalité à Johannesburg autant dire qu’on ne faisait pas les malins).
On décide donc de se rendre au musée de l’Apartheid, un environnement plus contrôlé.

L’entrée au musée nous met direct dans l’ambiance : sur les tickets les mentions « Blankes/Whites » (Blancs) et « Nie-Blankes/Non-Whites » (Non Blancs) nous indiquent où aller suivant la couleur qui nous a été attribuée. Le musée est dense, très intéressant et très bien fait (il mérite amplement plus de 2h de visite… temps qui malheureusement nous manque).
Les différentes salles retracent sans parti pris les deux côtés de l’Apartheid – ceux qui l’ont mis en place et ceux qui l’ont subi et se sont battus contre – ainsi que l’historique du pays et les évènements qui ont conduit à un tel système.
Les supports extrêmement variés décrivent avec pédagogie différents événements et montrent sans filtre la violence et l’injustice de la période. Une vidéo des émeutes de Soweto où des centaines de personnes ont été tuées sera la goutte d’eau qui fera déborder le vase des émotions pour Gisèle, obligée de quitter la salle.

Nous nous remettons de ces émotions le lendemain en restant chez Kenric où le jardin constitue un excellent bureau pour peaufiner notre itinéraire en Namibie.

Le 14 Juin, pour notre dernier jour en Afrique du Sud, on part visiter le Lesedi Cultural Village qui présente les principales ethnies du pays, leurs traditions, leurs modes de vie et surtout leurs danses ! Pour l’occasion, Kenric n’hésite pas à nous prêter sa vieille Ford Bentham pour plus d’indépendance (lui, est bloqué au boulot toute la journée et Chantelle doit rester à l’hôpital pour Noah dont les examens ont décelé une jaunisse, heureusement, facilement soignable par quelques sessions de luminothérapie).
C’est donc comme des gens du coin, dans notre vieux pick-up aux vitres teintées, que nous nous rendons sur le site bien touristique de Lesedi. Le village met à l’honneur 5 ethnies : les Zoulous, les Xhosas, les Sothos, les Pedis et les Ndebeles. On est accueilli par des chants avant de visiter plusieurs villages qui reproduisent le mode de vie traditionnel de chaque ethnie. Plusieurs dénominateurs communs : le bétail est la vraie richesse du village et est donc gardé à l’intérieur, bien protégé, sauf chez les Sothos, peuple pacifique qui préfère perdre ses vaches plutôt que de subir une attaque ; le pouvoir est jalousement gardé par les hommes et ces derniers sont polygames ; enfin, tous craignent une invasion des Zoulous.
On apprend aussi que les Pedis se sont fait avoir comme des bleus par les Ecossais qu’ils n’ont pas voulu combattre car ils pensaient de loin que c’étaient des femmes avec leur kilt (la grosse barbe ne devait alors pas être très tendance). Depuis les Pedis portent donc le kilt, en mémoire de cette défaite.



La visite se termine par un spectacle de danses traditionnelles. Gisèle est aux anges !
De voir tout ce monde s’agiter nous a donné faim et on se rend donc à la pseudo-ferme Jazmin à Hartbeespoort pour croquer un bout. La ville d’Hartbeespoort s’organise autour du barrage du même nom. Les paysages rappellent un peu la Suisse avec de belles maisons en bordure de la retenue d’eau. A la ferme, c’est musique Afrikaans à fond, et on a l’impression d’être sur la propriété d’un Boer blanc, ce qui a un côté un peu dérangeant… On oubliera vite tout ça en allant s’immerger dans les étals colorés du Chameleon Village le temps d’une session de shopping. Ici, tout le monde essaie de te vendre soit une peinture, soit un petit animal en bois plus ou moins bien sculpté ou un truc en perle (ce qui rappelle de nombreuses heures de tissage et enfilage à Gisèle).


On finit notre séjour chez Kenric par un bon dîner tous ensemble au Bosvelder, un restaurant typiquement sud-africain. L’occasion pour Gisèle de tester le Bobotie, plat malais traditionnel du Cap, et pour Damien de se régaler d’un énorme steak sauce biltong. Un petit verre d’Amarula s’impose en fin de repas pour faire descendre tout ça !

Le lendemain nous disons au revoir à notre famille d’accueil et les remercions pour ce merveilleux séjour avant de nous envoler vers la Namibie.