Après 24 heures de bus plutôt confortables et la traversée sans problème des frontières terrestres du Bostwana et du Zimbabwe, nous débarquons à Victoria Falls, petite ville créée principalement pour le tourisme à proximité des fameuses chutes.

La visite des chutes attendra le lendemain car pour l’heure nous prenons nos quartiers dans l’auberge de jeunesse bien relax du « Shoestring backpackers ». Un petit saut au supermarché du coin et nous voici couverts pour le dîner. On n’a plus besoin de mettre le nez dehors et on peut se coucher avant 20h afin de récupérer du peu de sommeil glané dans le bus.

Frais et dispos au petit-déjeuner, on commence par créer nos profils HelpX et Workaway permettant de faire du volontariat au cours du voyage, puis on file à la poste envoyer le colis que nous avons soigneusement préparé en Namibie mais que nous n’avons malheureusement pas eu le temps de poster. Une fois déchargés de quelques kilos, et de quelques dollars (plus que ce qu’il n’en fallu pour acheter le contenu du colis en fait), on est fin prêt pour découvrir l’attraction du coin, dont le vrombissement se fait entendre depuis le centre-ville.
Sur la route, de nombreuses personnes cherchent à nous vendre des souvenirs et notamment des billets de plusieurs millions de dollars zimbabwéen. Ces billets ne valent plus rien suite à la politique économique désastreuse de Mugabe qui entraina une énorme inflation dans le pays. En 2009, le Zimbabwe a même dû abandonner sa devise au profit du dollar américain notamment.

On décline gentiment toutes ces propositions et on continue tranquillement notre chemin jusqu’à ce que l’on croise quelques locaux à l’air plutôt préoccupé et au pas pressé. Ils nous indiquent un groupe d’éléphants sauvages qui déjeune à quelques mètres du bord de la route. Sachant que ces petites bêtes peuvent charger pour pas grand-chose, on se fait discret et on hâte le pas nous aussi…
Plus on s’approche, plus le grondement s’amplifie. A un moment, une fine bruine vient même nous rafraichir le visage ; ce sont les eaux du Zambèze qui sont pulvérisées en micro-gouttelettes sur des centaines de mètres à la ronde !

Une fois les droits d’entrée acquittés, on se documente sur ce site mythique considéré comme l’une des sept merveilles naturelles du monde et inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Avec un débit moyen de 1100 m3 par seconde, une hauteur maximale de 107 mètres et une largeur de 1700 mètres, les chutes Victoria sont dans le top 3 des chutes les plus impressionnantes au monde avec les chutes du Niagara au Canada et les chutes d’Iguazu à la frontière argento-brésilienne.

Lorsqu’il les découvre en 1855, l’explorateur écossais David Livingstone aurait dit : «Seuls les anges dans leur vol ont dû contempler des visions aussi magnifiques que celles-ci». Nous n’utiliserons pas le même vocabulaire mais nous sommes tout aussi impressionnés.

Les eaux du Zambèze se jettent avec fracas le long de la faille qui forme une frontière naturelle entre le Zimbabwe et la Zambie et le spectacle est fantastique. On sent le coin de nos lèvres remonter doucement jusqu’à nos oreilles en un sourire qui ne nous quittera plus de toute la journée !


Les cataractes sont magnifiques et le chemin aménagé côté Zimbabwe offre des points de vue plus extraordinaires les uns que les autres. A certains belvédères, le nuage d’eau pulvérisé est si dense qu’on ne distingue plus les chutes et qu’on est littéralement trempés des pieds à la tête (et ce malgré un K-way doublé d’un poncho). L’expérience est exaltante ! On est comme deux gamins sous une averse, le sourire toujours accroché aux lèvres. Les autres visiteurs ont l’air d’apprécier la visite autant que nous.

C’est à regret mais du matériel de rêves plein la tête que nous quittons le parc à sa fermeture. Au total, nous aurons passé quatre heures dans le parc et pourtant nous avons l’impression d’être entrés il y a seulement dix minutes.
Le lendemain, c’est de la terrasse du magnifique Victoria Falls Hotel que l’on admire la vue sur le pont Livingstone et le panache des chutes en arrière-plan.


Le 6 Juin sonne la fin de notre court séjour zimbabwéen et c’est à pied que nous prenons la route pour la Zambie, de l’autre côté du pont Livingstone.

On profite des chutes sous un nouvel angle depuis le pont avant de passer le poste frontière, encore une fois sans soucis.


Un coup de taxi plus tard et nous voici à Livingstone, ville plus authentique que Victoria Falls dans le sens où l’on sent que des gens vivent vraiment ici et ne sont pas que des touristes de passage. On s’installe rapidement dans notre nouvelle auberge, on remplit les formalités d’arrivée dans tout nouveau pays, c’est-à-dire retirer de l’argent et acheter une nouvelle carte SIM, puis on se met en quête d’un bar : il ne faudrait pas louper le match France-Uruguay !

Le lendemain, zélés que nous sommes, on part vérifier si le panorama côté Zambie est aussi impressionnant que côté Zimbabwe.
Ici les chutes sont appelées Mosi-o-Tunya, « l’eau qui gronde ». Le parc est moins cher et si les points de vue sur les cataractes sont plus proches, ils sont aussi moins nombreux.
On commence par descendre au « Boiling pot », littéralement « la marmite qui bout », où les eaux du Zambèze tourbillonnent en contrebas des chutes avant de s’engouffrer dans une sorte de canyon.

En remontant, on se refait tremper par le nuage d’eau qui jaillit du bouillonnement avant d’aller sécher sur les berges du Zambèze plus en amont. En Août, le débit du fleuve ralentit et laisse apparaitre des piscines naturelles où l’on peut se baigner, les « Devil’s Pools » ou « Piscines du Diable ». On imagine l’adrénaline qu’une telle baignade doit procurer tant la hauteur des chutes à cet endroit est impressionnante. Malheureusement pour nous, les flots du Zambèze sont bien trop puissants en Juin pour qu’on se risque à faire trempette.



Le lendemain est consacré à la découverte de la vie locale. Gisèle souhaitant acheter des chitengues, ces tissus colorés dont se drapent les femmes zambiennes, on part faire un tour sur le marché de Maramba. Un employé de l’auberge, qui finit juste son service et rentre chez lui à proximité du marché, propose de nous accompagner. C’est l’occasion d’en apprendre plus sur lui, sa famille et la vie en Zambie en général. Il nous indique les vrais prix pour un chitengue de qualité (35 kwashas le mètre, soit l’équivalent de 2,6€) et nous amène au marché jusqu’à l’échoppe de son voisin où se superposent des tissus de toutes les couleurs. Zéro arnaque, zéro commission et c’est comme des gens du coin que l’on achète nos tissus. Gisèle est ravie.


En rentrant à l’auberge, on s’achète de quoi dîner aux étals colorés du marché et on passe prendre nos billets de bus pour partir le lendemain vers la capitale zambienne, Lusaka.
Le trajet se déroule comme espéré, agrémenté de son lot de vendeuses, panier de bananes ou de pommes sur la tête, qui se ruent aux fenêtres à chaque arrêt pour faire commerce, jusqu’à ce qu’on marque un arrêt un peu trop prolongé lors d’un contrôle de police.
Dans le bus, les gens commencent à se poser des questions. Certains descendent pour voir ce qu’il se passe. Quand ils remontent, on apprend que le conducteur de bus a été mis en cellule pour avoir mal parlé aux forces de l’ordre… et sans doute pour obtenir quelques billets. Un peu de pression de la part des passagers du bus permettra sa remise en liberté, ouf !

On arrive à Lusaka avec deux bonnes heures de retard et on rejoint notre nouvelle auberge dans le jour qui s’achève.
