Notre repaire à Lusaka est le Natwange Backpackers, une auberge qui offre le confort d’une maison avec petit déjeuner inclus, possibilité d’utiliser une cuisine, de regarder la télévision et de se relaxer dans les transats au bord de la piscine. On y rencontre Will, un New-Yorkais aux poils qui dépassent des oreilles, qui voyage depuis 10 ans et se nourrit exclusivement de chips et de fromage arrosés de brandy-coca. Un spécimen avec qui on partage le dortoir à nos dépends car il s’avère avoir un ronflement à décoller les tympans (béni soit l’inventeur des boules Quies !)

Cette pause dans la capitale zambienne nous permet de planifier la suite du voyage et notamment le passage de l’Afrique à l’Asie, depuis la Tanzanie vers le Népal.
Gisèle en profite aussi pour organiser sa première visite de projets d’électrification pour le compte de l’ONG affiliée à son employeur.
Les projets en Zambie consistent en trois ensembles photovoltaïques installés sur une école, un hôpital et un dispensaire dans des communautés rurales isolées.
Le jour de la visite, on récupère à bord de notre voiture de location monsieur Chibumbu, un contact local, et nous voilà partis sur les pistes défoncées de la cambrousse zambienne que même Google Maps ne connait pas.
On a beau avoir imaginé les conditions de vie en pleine campagne africaine c’est une autre chose de les voir en vrai. Ici pas de village mais plutôt des regroupements de maisons très isolés les uns des autres. Pas de ligne électrique, pas d’eau courante, pas de magasin non plus (même si on passe quelques bars). Les gens semblent principalement vivre de leur lopin de terre et dépendre de leur bicyclette pour vendre leur production au marché le plus proche.
Beaucoup marchent, pour aller chercher de l’eau, se rendre à l’hôpital ou à l’école, et on ne parle pas ici de quelques centaines de mètres.

Nous nous arrêtons d’abord à l’hôpital de Mutemba, où le médecin chef nous accueille et s’occupe personnellement de la visite. Le bâtiment principal de l’hôpital offre un confort bien sommaire. L’installation solaire mise en place il y a dix ans n’a jamais été proprement maintenue compte-tenu de l’éloignement du site, et les batteries sont complètement hors-service. L’hôpital, qui fonctionne 24h/24, n’est plus alimenté que deux heures par nuit au lieu des huit heures assurées lors de la mise en place de l’installation. Les médecins se trouvent donc souvent à travailler, voire opérer, à la lumière d’une lampe torche… ça tranche franchement avec les conditions de nos hôpitaux européens et on imagine sans mal la pénibilité du travail ici. Les conditions d’hygiène ne sont pas terribles non plus, surtout depuis que la pompe solaire a elle-aussi rendue l’âme et que le personnel se retrouve à pomper manuellement l’eau d’un puit foré à proximité…
La visite tombe à pic car elle permet de faire remonter l’information sur la situation pas vraiment reluisante et d’accélérer la venue d’une équipe pour corriger le tir.


On continue la journée avec un passage à l’école et au dispensaire de Muchinga. Ici, les installations correspondent bien aux besoins et les bénéficiaires sont pleinement satisfaits. Ce qui nous surprend une nouvelle fois c’est la simplicité (ou devrait-on plutôt dire le dénuement ?) des lieux… L’école est constituée de seulement quatre classes pour plus de six-cents élèves, et uniquement deux d’entre elles possèdent des tables, des chaises, un tableau noir et quelques posters aux murs. Dans les deux autres, les élèves s’assoient à même la terre battue. Mais les gamins qui galopent partout dehors transpirent la joie de vivre comme dans toutes les cours de récréation du monde !



On ramène M. Chibumbu à sa ferme et, sur la route du retour, on prend un peu de recul sur ce que l’on vient de vivre et de voir. On se dit notamment que le don de fournitures (livres, cahiers, stylos…) et de matériel informatique sont quand même bienvenus pour améliorer les conditions dans ces communautés isolées.
Revenus à Lusaka, on partage notre temps entre visites aux centres commerciaux et journées à l’auberge. Les soirées sont réservées au visionnage des matchs de la coupe du monde 😄


Un matin on va tout de même découvrir le petit musée de la culture angolaise en Zambie qui est installé dans une maison à côté de notre auberge. On est les seuls visiteurs et le « gardien » se fait un plaisir de nous offrir une visite guidée. On en apprend plus sur l’histoire du pays, les gens qui le peuple, leurs modes de vie, les rites d’initiation, l’art… Devant des masques, le guide a les yeux qui brillent. Il nous explique leurs pouvoirs magiques ainsi que certains sorts. On sent bien qu’il y croit dur comme fer, et devant tant de ferveur on acquiesce poliment, on ne voudrait pas qu’il nous lance un mauvais sort !

On poursuit notre sortie culturelle au Kabwata cultural village où Gisèle a lu que l’on pouvait voir des danses traditionnelles. Le village regroupe pleins de petites échoppes qui vendent masques, objets en bois, tissus et peintures. Il y a aussi un unique restaurant qui tombe à pic à cette heure-ci de la mi-journée. On se régale sans couverts d’une daurade accompagnée de colza râpé et de n’shima, plat typiquement zambien et le meilleur repas depuis notre arrivée dans le pays !


Le soir c’est au Smuggler’s Inn qu’on a rendez-vous pour la finale de la Coupe du Monde qui oppose la France à la Croatie. Les matchs nous ayant montré jusqu’à présent que les zambiens étaient plutôt du côté de la France, on est assez confiants, tout du moins jusqu’aux premières tentatives de la Croatie qui provoquent cris et applaudissements dans l’assemblée… On fait face à l’adversité et devant nos encouragements pour les Bleus, les quelques supporters de la France se mettent eux-aussi à donner de la voix, jusqu’à l’explosion de joie de la victoire finale ! On est le 15 juillet 2018, la France est championne du monde : un instant qui restera dans les mémoires… Damien regrette un peu de ne pas pouvoir célébrer ça entre français.

On met à profit la journée du lendemain pour nous remettre de nos émotions et surtout ne pas faire grand-chose. Direction le Levy Mall, un des nombreux centres commerciaux de la ville, où nous prenons un petit déjeuner climatisé avant d’aller au cinéma voir Jurassic World pour 30 kwashas la place, soit moins de 3€. Les vélociraptors et autres tyrannosaures semblent nous avoir donner des envies carnivores alors, midi venu, on passe manger un burger-frites chez Wimpy, une enseigne que l’on s’était promis de visiter après l’avoir beaucoup croisée en Afrique du Sud et en Namibie.

La journée s’achève tranquillement car le lendemain on se lève tôt pour rejoindre la gare de Kapiri Mposhi, point de départ pour la Tanzanie.