Voici venir la Tanzanie ! Déjà le cinquième pays sur la route de notre tour du monde – voire même le septième en comptant la petite journée au Lesotho et la traversée express du Bostwana – et avec deux mois devant nous, on va pouvoir prendre le temps d’explorer différemment ce grand pays d’Afrique de l’Est.
Tout commence à Dar Es Salam par une semaine de travail sur un projet éducatif local trouvé grâce à HelpX, l’une des plateformes internet du volontariat international.

L’idée générale du volontariat international est de partager le quotidien des gens du pays, de faire vivre un échange culturel et de travailler sur leurs projets en contrepartie du gîte et du couvert.
Le projet auquel nous allons contribuer vise à mieux encadrer et soutenir scolairement les enfants de la communauté de Mbagala-Chamazi, dans la banlieue de Dar Es Salam.
Emmanuel, l’initiateur du projet avec son frère John et leur ami Moses, nous accueille dans son quartier le vendredi 21 Juillet après-midi. Nous déjeunons ensemble et il nous explique plus en détails son parcours et sa vision.

Originaire du coin, il est parti avec sa mère dans le Nord du pays quand ses parents se sont séparés, avant de redescendre plus tard faire des études d’informatique à l’université de Dar Es Salam. Une fois son diplôme en poche, il dut faire face à la difficulté de trouver un emploi en Tanzanie et décida donc de créer son propre job en aidant la communauté dont il est issu.
Il a alors loué une maison dotée d’une grande pièce qu’il a aménagée avec quelques tables, des chaises, des étagères, des livres et trois ordinateurs afin de pouvoir enseigner l’informatique en cours du soir aux adultes (moyennant finance) et d’accueillir les enfants (gratuitement) pendant la journée.

A Mbagala, beaucoup de parents n’ont pas les moyens de payer l’école à leurs enfants et ceux qui le peuvent ont rarement les connaissances pour les aider à faire devoirs et révisions. L’espace éducatif proposé par Emmanuel essaie de combler modestement ce manque, avec l’aide de volontaires, en faisant office d’école le matin et de garderie/ centre aéré/ aide aux devoirs l’après-midi. L’encadrement par les volontaires permet d’apporter une structure ainsi que de l’attention à des enfants qui sont souvent laissés à eux-mêmes et se retrouvent nombreux à trainer dans les rues.

Emmanuel nous explique aussi que pour le moment il accueille six volontaires internationaux, en plus de nous, et qu’il y a donc suffisamment de monde pour encadrer les enfants la matinée lorsque ceux qui sont scolarisés sont à l’école. Par conséquent nous assisterons les professeurs d’une des écoles du quartier le matin et renforcerons le soutien scolaire l’après-midi lorsque tous les enfants viennent au centre.
Passées ces explications bienvenues, il nous emmène chez ses voisins où nous logerons quelques jours, le temps qu’une chambre se libère dans la « maison des volontaires » (en réalité les trois chambres à coucher de la maison qu’il loue pour sa salle de classe).

Le confort est sommaire avec WC à la turque dans la chambre, sans porte ni rideau, et sans eau courante (on se sert d’un seau pour tirer la chasse et se doucher), mais tout de même avec un ventilateur histoire de brasser l’air chaud.
Le bar d’à côté crache la même chanson en boucle toute la nuit et l’on soupçonne le propriétaire de s’être endormi avant la fermeture. De notre côté, on dort assez peu en subissant un lavage de cerveau au son du tube tanzanien du moment (« Jux » par Fimbo, que bizarrement, on aime bien depuis lors). Heureusement, que l’on n’a pas à se lever trop tôt le lendemain !

On profite du weekend pour prendre nos marques dans ce quartier hors de tout sentier touristique et vraiment authentique.
Au petit matin, les femmes sortent leurs casseroles, cuisinent et vendent sur le pas de leur porte des chapatis auxquels nous ne saurons résister pour le petit déjeuner.

Les rues de sable sont bordées d’étals où s’entassent entre autres, mangues, melons, okras, aubergines africaines et graines de baobab.

Ici, une mère tresse les cheveux de sa fille. Là, une couturière est à l’ouvrage sur sa vielle Singer. Ailleurs, de vieux messieurs papotent autour d’un thé tandis que des motos bricolées vont et viennent en pétaradant joyeusement.
Sur les coups de midi, on déjeune de brochettes et de frites vendues à prix modique dans les restaurants de rue. C’est bon mais c’est gras. Le soir venu, et la chaleur partie, on apprécie une bière bien fraîche à la terrasse du bar du coin. Un voisin de tablée nous fait découvrir la cassava grillée agrémentée d’un peu de sel, de piments, de tomates et d’oignons. Vraiment pas mal.
Lundi matin, le réveil sonne à 7h. Une douche rapide et c’est parti pour une semaine en tant qu’apprentis professeurs des écoles !
Au cours du petit déjeuner pris à la maison des volontaires, on fait connaissance avec Andrea, une colombienne, Kamilla et Ida, des danoises, Mali, une allemande, Eleni, une grecque, et Pamela une mexicaine. Malheureusement pour nous, tout ce beau monde arrive à la fin de son volontariat et partira dès le lendemain, exceptée Pamela avec qui nous partagerons de bons moments et la maison des volontaires pour le reste de la semaine.

Comme convenu, durant la matinée, on assiste un professeur de la Rawdhwa Islamic School. La classe se compose de 12 élèves, garçons et filles, dont la majorité a cinq ans. Les cours sont bien structurés et l’on étudie l’anglais, le Kiswahili et les mathématiques du lundi au jeudi, le vendredi étant réservé à l’enseignement religieux.





L’après-midi venue, on encadre les enfants défavorisés dans la classe d’Emmanuel, avec l’aide de Moses, un ami des deux frères. Jusqu’à quarante gamins, âgés de trois à quinze ans et aux niveaux scolaires très disparates, débarquent chaque jour, alors on fait de notre mieux pour adapter les activités à tout ce petit monde. Entre leçons pour les grands, aide au devoir pour ceux qui vont à l’école et coloriage pour les petits, on tente surtout de canaliser l’énergie dont les enfants débordent et de donner de l’attention à tous.



A quatre heures, c’est tout le monde dehors sur le terrain vague d’à côté pour jouer et se défouler pendant une bonne heure.

Le vendredi, c’est centre aéré toute l’après-midi et on les emmène plus loin, sur un plus grand terrain vague, pour faire du sport. Gisèle et Pamela s’occupent des plus petits et des filles, avec pas mal de danse au programme, pendant que Damien gère le match de foot des garçons.


La semaine sera passée à une vitesse folle, laissant l’impression tenace d’avoir beaucoup plus appris des enfants que l’inverse, et voici déjà venue l’heure de notre dernière soirée avec Emmanuel, son frère John, Moses et Pamela. Ils nous emmènent manger un poulet grillé dans le « gros » bar du coin où des animations sont au programme : comédien en stand-up, chanteurs, danseurs, que du bonheur ! Même le ciel nous offre une éclipse de lune pour rendre cette dernière nuit encore plus mémorable.

On quitte Dar Es Salam au petit matin pour embarquer vers Zanzibar, contents d’aller retrouver nos amis Laurie et Jeremy qui viennent passer leurs vacances d’été avec nous, mais tristes de laisser derrière nous Abdallah, Harris, Nassoro, Fah’ad, Hamima, Fali, Wadi’ha, Hafsa, Chiku, Sada, Amina et tous les autres enfants qui ont rendu cette expérience inoubliable.
