L’Indonésie – On serait bien restés à Pulau Weh

Annulé. En arrivant à l’aéroport de Medan, le vol vers Pulau Weh est affiché partout comme annulé. Notre séjour dans cette petite île à l’extrême Nord de Sumatra où nous comptons faire de la plongée semble compromis, surtout qu’il n’y a qu’un vol par semaine, ou 12 heures de bus et 1 heure de ferry pour l’atteindre. Heureusement, après vérification auprès des agents de la compagnie aérienne, ceux-ci nous indiquent que le vol n’est pas annulé mais juste retardé d’une heure… Ouf, c’était juste une petite blague indonésienne.

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Le vol IW1213 pour Sabang est annulé
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En fait non

Avant de décoller, on passe au bureau médical de l’aéroport pour vérifier que le vaccin contre la rage que Gisèle est censée recevoir dans trois jours est bien disponible là-bas. Le médecin passe quelques coups de fils et nous indique qu’il est uniquement disponible à l’hôpital principal de Banda Aceh, la grosse ville située sur Sumatra juste en face de notre petite île. On en est quitte pour un aller-retour en ferry dans quelques jours.

Une fois atterris à Pulau Weh, on joue la carte de la patience afin d’obtenir un prix honnête pour se rendre au village d’Iboih qui compte plusieurs bons clubs de plongée sous-marine. Les taxis locaux se sont organisés en une sorte de petite mafia et gonflent allègrement les prix des trajets pour les touristes qui arrivent à cet aéroport loin de tout (leurs prix sont plus de trois fois ceux communiqués par un Airbnb sur internet…).

En vrais routards, on débarque à Iboih avec nos sacs sur le dos sans avoir rien réservé et on commence à chercher un logement pour la nuit ainsi qu’un centre de plongée pour passer notre premier niveau de certification : le PADI Open Water.

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Une première approche séduisante

Dans la rue principale du village on croise Borja, instructeur de plongée argentin, qui parle parfaitement français, installé en Indonésie depuis 6 ans et même marié à une indonésienne. On se met à discuter et le courant passe immédiatement. Il nous conseille où dormir, nous briefe rapidement sur le contenu du PADI Open Water avec le centre où il est instructeur et répond à toutes nos questions. Conquis par sa sympathie et les prix du centre, on décide qu’on a trouvé notre centre de plongée pour la semaine à venir, et même mieux : notre instructeur !

Borja s’avère être un instructeur très expérimenté qui ne fait normalement plus de formation pour les « débutants » comme nous mais se consacre plutôt à la formation de plongeurs plus avancés qui veulent passer leur « dive master » (une formation sur plusieurs mois qui permet d’encadrer des plongeurs en mer). Mais comme il nous aime bien, il nous propose spontanément de s’occuper lui-même de notre formation.

Au cours de la conversation on lui raconte nos mésaventures rageuses et il nous recommande chaudement de ne pas attendre le jour même pour nous rendre à Banda Aceh faire l’injection, mais plutôt de passer à l’hôpital la veille pour confirmer qu’ils ont bien le vaccin. Et comme il doit justement se rendre à l’hôpital le lendemain avec sa femme Yuyun qui a un petit objet coincé dans l’oeil, il nous propose très gentiment de nous accompagner et même de nous héberger dans la maison familiale. Super !

Niveau logement, il nous remet entre les mains de Maarten, un hollandais à qui il fait justement passer le dive master. Ce dernier nous amène chez Norma aux O’ong bungalows où il loue lui-même une chambre. Norma est une proprio un peu spéciale qui ne loue qu’aux gens qui lui plaisent et visiblement on a de bonnes têtes car elle nous montre non pas 1 mais 3 de ses bungalows. En outre, comme on vient de la part de Borja et accompagnés par Maarten, elle nous fait même un super prix ! C’est ainsi qu’on prend nos quartiers pour dix jours dans un bungalow les pieds dans l’eau avec une vue de rêve.

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Notre bungalow vu de l’eau
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Norma la patronne

Le soir, Maarten nous fait découvrir l’excellent barbecue de poissons du D&Ds et on fait plus ample connaissance autour d’un délicieux carangue.

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Pêché le matin même
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Et de nuit, la vue est magnifique aussi

Le lendemain matin, on embarque sur le ferry pour Banda Aceh avec Borja et Yuyun et on passe rapidement à l’hôpital pour vérifier qu’ils ont bien le vaccin, suivant les conseils de Borja. Yuyun nous sert de traductrice car personne ne parle anglais dans les parages et après 30 minutes de palabre en indonésien on finit par comprendre qu’ils n’ont pas le vaccin ici mais que peut-être l’ont-ils dans le deuxième gros hôpital de la ville…?

On s’y rend fissa et on explique notre besoin une seconde fois. Le vaccin est bien disponible, ouf, et rendez-vous est pris pour l’injection le lendemain.

Avec tout ça on en a oublié de petit-déjeuner ! Yuyun nous emmène donc dans un café local et nous fait découvrir plein de spécialités sucrées du coin. On se régale.

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Une Gisèle aux anges
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En plus les thés et cafés glacés typiques sont un délice

Comme on est vendredi, Borja et Yuyun vont passer l’après-midi à la mosquée pour la prière. L’Indonésie est le pays musulman qui compte le plus de pratiquants, et à Aceh, on ne badine pas avec la religion. On en profite donc pour explorer la ville.

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Une mosquée et des bateaux très colorés

On commence par le musée du Tsunami qui rend hommage aux centaines de milliers de victimes du terrible tsunami de 2004 qui frappa Sumatra et Banda Aceh en particulier. Les vidéos sont dures et rappellent la violence de la catastrophe. Un peu plus loin, un immense bateau de plusieurs dizaines de mètres est encore perché sur le toit de maisons à plusieurs kilomètres des côtes, terrifiant témoin de la force de la nature.

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Le musée du tsunami est fréquenté par beaucoup de locaux
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Un bateau échoué en pleine ville
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Des pêcheurs dont la vie a repris malgré tout

En fin d’après-midi, on rejoint nos hôtes pour une visite de la grande mosquée. Le bâtiment a miraculeusement survécu à la terrible vague de 2004, servant d’îlot salvateur à de nombreuses personnes.

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Le minaret de la grande mosquée
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Gisèle est couverte comme il se doit pour la visite
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Petit tour au marché
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Soirée au restaurant de poulet épicé penyet
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Et dodo dans la maison familiale

Le jour suivant, Gisèle obtient sa dernière dose de vaccin antirabique et c’est rassuré qu’on reprend le ferry pour Pulau Weh, mais aussi tout contents d’avoir rencontré des gens formidables en les personnes de Yuyun et Borja.

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Rien à voir mais tous les chats indonésiens semblent s’être coincés la queue dans une porte

La semaine qui suit à Pulau Weh, nous voit pousser des branchies. Nous passons notre certification PADI en compagnie de Becca, une jeune australienne adorable, professeure d’anglais en Indonésie, et un allemand très discret dont on ignore le nom. Borja est un instructeur génial, et avec Maarten qui nous suit partout dans le cadre de sa formation, on se sent vraiment entre de bonnes mains.

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Becca est sur un bateau
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Becca tombe à l’eau

La partie théorique de la formation, sur vidéo, est ennuyeuse au possible ; la partie pratique, dans les eaux translucides et pleines de vie de l’île, est quant à elle une vraie partie de plaisir.

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La fameuse certification du PADI Open Water

Damien galère un peu pour équilibrer la pression de son oreille gauche au début. Mais Borja nous explique que cela devrait passer avec un peu d’entrainement et, en effet, dès la troisième plongée la descente à 15 mètres de profondeur se fait tout en douceur. Une fois la certification en poche, on rajoute quelques plongées « plaisir » que le centre nous offre à prix modique (Damien en manquera malheureusement une pour son premier et seul jour sur le flanc depuis le début du voyage…). On découvre avec émerveillement les différents sites de plongée de l’île, leurs récifs coralliens multicolores et leurs habitants, murènes, poissons perroquets, poissons anges…

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Tout baigne !

Le vendredi matin étant décrété “jour de repos pour l’Océan” dans la région, personne ne plonge, ne se baigne ni ne pêche ; c’est l’excuse rêvée pour faire une grasse matinée au bungalow et contempler dans le calme, depuis notre balcon, l’eau turquoise qui nous entoure et les poissons qui s’y baladent.

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Matin calme au bout du monde
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On a très envie de sauter à l’eau mais ce matin ce n’est pas possible

Après avoir mis en pratique notre certification sur quelques plongées, on décide d’aller un peu plus loin et de rajouter deux plongées techniques afin de mieux maîtriser notre flottabilité et pouvoir descendre à 30 mètres. Lors de cette dernière, Borja nous avertit qu’on peut ressentir des effets bizarres dus à la fameuse narcose du plongeur et nous prépare à passer un certain nombre de tests tels que du calcul mental ou reconnaitre des couleurs. Il prend aussi avec lui un oeuf pour nous montrer les effets de la pression à cette profondeur… sauf que tout ne se passe pas comme prévu et qu’au lieu de conserver sa forme hors coquille, l’oeuf éclate complètement devant les yeux étonnés de Borja et Maarten. Effet de la narcose ou non, ça nous fait bien marrer.

Pour notre dernière après-midi sur l’île, on troque palmes et bouteilles contre un scooter pour découvrir les trésors terrestres de l’endroit. Une expérience qui s’avère plus stressante que la plongée car aucun de nous n’a déjà conduit de scooter. Heureusement, il y a très peu de trafic et Damien, plein de confiance, prend vite l’engin en main.

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Petit tour en 125cc
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En cas de souci, on sait par où aller
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En attendant, tout va bien et on a les plages rien que pour nous

Plusieurs jolis points de vue, quelques arrêts sur les belles plages de l’île et nous rejoignons Sabang, la ville principale de Pulau Weh pour un dîner d’adieu avec Maarten, Borja et Yuyun dans la pizzeria la plus célèbre du coin, située dans un cadre magnifique en bord de mer et tenue par des amis de notre couple indonésien préféré.

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Dîner face à la mer, pas trop mal pour une dernière soirée

La matinée qui suit est notre dernière chance de profiter des joyaux aquatiques de l’île, alors on enfile maillots de bain, masques et tubas dès le réveil, et on plonge avec plaisir (et un peu de tristesse à la fois) devant notre chez-nous d’un temps, à l’autre bout du monde, en se disant que c’est sûr, on y retournera !

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Et on repasse sous l’eau
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Des poissons
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Encore des poissons
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Toujours des poissons
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Déjà l’heure de partir

Les maillots mouillés remisés dans les sacs, on file à l’aéroport en becak (sorte de moto-taxi-sidecar) pour attraper le vol qui doit nous ramener sur Medan d’abord, puis après trois heures d’escale, embarquer en transfert libre sur un vol pour Yogyakarta à Java, prochain chapitre de l’aventure indonésienne. Les vols sont opérés par deux compagnies différentes, Lion Air pour le premier et Air Asia pour le second. On a aussi fait le choix, joueur, que tout se passera bien et n’avons pas pris le premium « assurance annulation » qui augmente sensiblement le prix des billets.

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Le Becak ça décoiffe

On s’enregistre donc, on passe les contrôles de sécurité et on patiente avec les autres passagers en toute tranquillité. On se dit tout de même que quelque chose cloche lorsqu’à l’heure de l’embarquement l’avion n’est toujours pas visible sur le tarmac. C’est alors qu’on nous informe que notre vol pour Medan est annulé… cette fois ce n’est pas une blague. On vous laisse imaginer nos têtes, surtout que ça nous fait manquer notre vol non-remboursable pour Java…

Après quelques minutes de réflexion et une tentative non concluante pour se faire rembourser en cash le prix du billet Lion Air (celui annulé), on saute dans un taxi pour attraper le dernier ferry vers Banda Aceh.

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La galère du jour !

On prend ensuite un bus de nuit en direction de Medan. On espère ainsi minimiser le chamboulement de programme et arriver à temps pour embarquer sur le vol pour Yogyakarta du lendemain.

A 17h30, on est à peine à bord du bus pour Medan que l’on reçoit un message de Becca, notre copine australienne. Elle nous demande si on ne serait pas à Banda Aceh car elle pense nous avoir vu montés dans un bus. Elle est en fait dans le bus d’une autre compagnie, juste derrière nous, et est elle-aussi en partance pour Medan ! On lui explique nos déconvenues et on se donne rendez-vous à l’arrivée.

Le bus de nuit se passe plutôt bien, sauf pour Damien à qui la climatisation fait subir le supplice de la goutte vers la fin du trajet. On se souviendra aussi de l’espace fumeur à l’arrière du bus. Constitué de la dernière rangée de sièges, il est séparé du reste de la cabine par un panneau de plexiglas et une porte qui laisse allègrement passer les effluves de tabac froid à chaque fois que quelqu’un l’ouvre. Et les Indonésiens fumant énormément, autant dire qu’on se croit vite dans un cendrier roulant !

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En même temps la pub dit bien que les vrais de vrai ne s’arrêtent jamais de fumer

Au petit matin, on retrouve Becca à la gare routière et on prend ensemble un Grab pour se rendre à l’aéroport, nous pour nous envoler vers Java, elle vers son job, fini les vacances.

Les enregistrements faits, c’est ensemble qu’on se rend au comptoir de Lion Air pour essayer de se faire rembourser de notre vol de la veille. Becca nous accompagne car c’est avec sa carte indonésienne qu’on a pu réserver nos vols, Lion Air n’acceptant pas les cartes de crédit internationales. On a bien du mal à faire comprendre notre requête aux employés de la compagnie qui parlent un anglais plus que basique et l’opération dure une éternité… une fois le remboursement effectué, on est plus qu’à quelques minutes de la fin de l’embarquement et il nous faut encore passer les contrôles de sécurité… c’est donc en courant qu’on rejoint notre porte alors que ça fait plus de 3 heures qu’on est dans cet aéroport.

Bien que cela n’ait pas de rapport direct, on reçoit sur nos téléphones l’info qu’un vol entre Java et Sumatra de la compagnie Lion Air s’est abîmé en mer le matin même avec 189 personnes à bord, ce qui nous fait grandement relativiser sur notre vol annulé… et en même temps, ça nous angoisse bien un peu car nous sommes sur le point d’embarquer sur un autre vol domestique (mais opéré par Air Asia celui-là).

Le voyage suit cependant son cours. Nous faisons nos adieux à Becca et montons à bord de l’avion qui tourne la page Sumatra et ouvre celle de Java.

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On arrive finalement à quitter Sumatra

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