Finis la mer, la plage et la plongée. Le bus de nuit file loin du Sud et nous emmène droit vers la jungle urbaine de Bangkok.
A cinq heures du matin, on est projeté du bus et dans l’ambiance de la ville. Nos sacs sur le dos, à la recherche d’une auberge pour se poser quelques jours, on traverse éberlués les rues du quartier Khaosan encore agitées de fêtards qui titubent entre vendeurs ambulants de sandwichs et d’alcool. Après deux tentatives infructueuses dans des auberges déjà pleines, et face à la fatigue de Damien qui n’a pas vraiment dormi dans le bus, on craque pour une auberge un peu plus chère que prévue.

L’accueil y est vraiment bien et l’ambiance chaleureuse. On nous propose café gratuit et chocolats (ce qu’on ne saurait refuser à cette heure), il y a une télé avec Netflix et quatre magnifique chats “Scottish fold”. Ces derniers ont cependant la fâcheuse manie de manger nos cheveux… quand ils ne sont pas en train de lécher les aisselles de Damien (peut-être leur manière à eux de nous dire qu’on a besoin d’une douche).


En attendant de pouvoir prendre possession de nos lits, on regarde un documentaire sur les requins (la plongée nous manque déjà) puis on passe à la laverie de la rue voisine pour faire une grosse lessive.
Dans l’après-midi, on se balade dans le quartier de Khaosan qui s’est métamorphosé depuis la nuit et on s’assoit au soleil d’une agréable terrasse pour écrire quelques cartes postales agrémentées d’une bière.

En ce 5 décembre, l’esplanade du grand palais de Bangkok nous accueille pour la soirée d’anniversaire de feu le roi Rama IX. Celui-ci régna pendant 70 ans sur le pays et fut tellement aimé par la majorité des Thaïlandais que le jour de sa naissance a été déclaré jour de la fête des pères et journée mondiale des sols en hommage à cet homme qui fut un grand promoteur d’une agriculture durable.

Autour de nous la foule est dense, tous vêtus de jaune, la couleur des soutiens royalistes (principalement urbains et éduqués, historiquement opposée aux chemises rouges des démocrates, majoritaires dans les campagnes).
Aussi, feu le roi étant un grand amateur de jazz, on a droit a un concert interminable de la chose jazzy. Mais on évitera bien sûr de dire quoi que ce soit de négatif sur la personne royale car le crime de lèse-majesté est ici pris très au sérieux (surtout si vous êtes un opposant politique de la junte militaire au pouvoir).

On remet nos sacs sur le dos dès le lendemain à la recherche d’un hôtel plus dans nos cordes budgétaires. Alors qu’on pense avoir trouvé l’auberge idoine, une cliente vient se plaindre à l’accueil qu’elle a vu des punaises de lit dans le dortoir… on reprend notre argent et on s’en va fissa.
Finalement on trouve notre bonheur dans un hostel qui fait partie d’une sorte de chaine d’auberges de jeunesse fêtardes et qui a l’avantage de proposer des chambres propres, confortables et très bon marché (2€ la nuit, imbattable). Malgré l’agitation du bar (qui leur permet sans doute de se retrouver par rapport au prix des chambres), notre dortoir reste silencieux, c’est parfait ! Même si quelques-uns de nos voisins semblent assez fêlés…


On profite d’être dans une grande ville dotée d’immense centres commerciaux ultra-modernes pour effectuer quelques corvées de voyageurs au long cours. Un passage au magasin Sony pour faire nettoyer le capteur de l’appareil photo (qui en a vu des belles depuis les safaris d’Afrique), un passage au magasin Salomon pour échanger les chaussures de Gisèle flinguées au sèche-linge singapourien (gratuitement grâce à un bon coup de bluff), un passage au magasin GoPro pour racheter un caisson étanche (malheureusement plus rien de disponible pour notre vieux modèle), et un passage au McDonald’s pour refaire nos réserves de graisse.




La fin de journée est l’occasion de découvrir les fameux combats de boxe thaïlandaise au stade Rajadamnern. On a pris les billets les moins chers et on en est ravis car on se retrouve au milieu de la foule thaï avec vue plongeante sur le ring.


Les combattants balancent coups de pieds et coups de poings dans un ballet trépidant, tandis que les spectateurs électrisés balancent bras et mains dans un langage des signes indéchiffrable pour le commun des mortels afin d’indiquer leur mise.

Notez que ce stade est l’unique lieu de Bangkok où les paris sont autorisés, garantissant une ambiance et surtout des combats authentiques, à l’inverse des médiocres affrontements chorégraphiés pour les touristes.

Les jours qui suivent sont l’occasion de visiter les hauts lieux touristiques de la mégalopole thaïlandaise, à commencer par l’impressionnant Grand Palais aux myriades de bâtiments miroitants au soleil et abritant, l’un, un gigantesque bouddha couché et l’autre, le tout petit – mais ô combien sacré – bouddha d’émeraude.







Une traversée en bateau taxi de la rivière Chao Phraya nous emmène à un autre temple bouddhique imposant : le Wat Arun, tout de porcelaine vêtu et qui abrita le fameux bouddha d’émeraude à la fin du 18e siècle.


Après un réveil matinal, une pluie drue nous accompagne jusqu’au marché flottant de Taling Chan que nous a conseillé un local.

Assez petit, ce marché reste encore authentique, contrairement à d’autres, devenus des usines à touristes où des armadas de bus déversent un flot continu de visiteurs pressés. On y flâne entre les quelques étals de fruits et légumes et on y goûte des spécialités thaïes comme le riz collant à la mangue et au lait de coco.


Posées sur la rivière dans de grandes jonques remplies de poissons et de crustacés, des femmes cuisinent sur de simples barbecues des plats que les clients dégustent sur les tables installées à proximité, sur d’une grande barge flottante. C’est là qu’on s’installe pour déguster à midi un poisson de rivière empalé sur un morceau de citronnelle et grillé en croute de sel, le tout à prix modique.

Changement de décor pour le dîner et nous nous retrouvons dans une food-court du centre-ville au dernier étage du centre commercial Pier 21, étonnamment conçu sur le thème d’un aéroport. En suivant les bons conseils de Kim à Singapour, on choisit l’étal où la queue de locaux est la plus longue, assurés de prendre un plat qui satisfera nos papilles, notre curiosité culinaire et notre portefeuille.
La marche retour nous donne à voir le célèbre quartier rouge du Soi Cowboy, théâtre d’autant de nuits de débauche insoupçonnées que d’escroqueries pour touristes éméchés. Ici chaque bar fait du ping-pong show sa spécialité, et les call-girls et autres lady boys sont particulièrement avenants avec la gente masculine.
C’est un lieu étrange, un peu dérangeant, mais haut en couleur et qui pique la curiosité.

La dernière journée à Bangkok se fait un peu plus studieuse. La tête dans les réseaux sociaux, le blog et la planification de la Birmanie, on s’installe dans un café non loin de l’auberge qui nous offre un environnement calme, un bon internet et de délicieux cafés froids… parfait !
Après tous ces efforts, on se récompense d’une bière et d’un gros hamburger à la terrasse du Novotel juste à côté, un petit concert pop, le métro aérien qui file dans la nuit et le bruit de la fourmillante vie bangkokienne en fond sonore. On apprécie ces derniers instants dans la métropole thaïlandaise et on s’aperçoit, étonnés d’avoir revu complètement nos préjugés, qu’on se verrait bien vivre ici.
Le lendemain, le réveil sonne cependant aux aurores et on embarque dans un train qui nous amène plus au Nord. Bye-bye bourdonnante Bangkok !
