Bangkok, 7h du matin. Le train nous emmène vers le Nord et les anciennes capitales remplies d’Histoire du royaume Thaï.

A 1h30 de rail de Bangkok, Ayutthaya est notre premier arrêt, pour un jour et une nuit. On y arrive peu après 9h du matin et on s’installe dans une maison au charme rustique dont l’hôte ne parle pas un mot d’anglais. Pas grave, le langage des gesticulations s’avère universel et tout le monde finit par se comprendre.

L’hôte nous indique que des vélos sont disponibles en libre-service, petit extra très appréciable. On les enfourche pour explorer sans tarder les vestiges de l’ancienne ville.

Fondée au milieu du XIVe siècle par le roi Thaï Ramadhibodhi 1er, la ville demeura pendant près de 400 ans la capitale du royaume Thaï d’alors : le Siam. Immense empire, le Siam englobait en son temps l’actuelle Thaïlande, le Laos et même le Cambodge après que Ramadhibodhi eut vaincu l’empire Khmer et conquit sa capitale d’Angkor.

Au milieu du XVIIIe siècle, tout s’arrêta brusquement lorsque Ayutthaya fut pillée puis rasée par les Birmans ; un comble pour une ville dont le nom signifie en sanskrit « qui ne peut être conquise ». Le roi Thaï dut se replier et fonda 80 km plus au Sud sa nouvelle capitale : Bangkok. Le peuple thaïlandais, marqué par la violence birmane de l’époque, garde encore aujourd’hui une sorte de cliché culturel sur l’agressivité présumée de son voisin.

En arrivant sur les ruines, on se dit que notre exploration à bicyclette est tombée le bon jour car, en ce 10 Décembre, anniversaire de la Constitution du pays, tous les temples sont gratuits. On visite ainsi les principaux : Wat Phra Mahatat et sa tête de bouddha enchevêtrée dans les racines d’un fromager, Wat Ratchaburana, Wat Thammikarat et Wat Phra Si Sanphet (vous l’aurez peut-être compris, Wat signifie temple en thaï). On visite aussi le Wihan Phra Mongkhon Bophit et son immense bouddha assis recouvert d’or, seul édifice encore actif de nos jours.



En fin d’après-midi, on s’éloigne de la zone historique pour découvrir le déjanté Wat Tha Karong. A mi-chemin entre un temple et un supermarché spirituel, l’endroit, clignotant et multicolore, est déconcertant. Ici les sculptures de Bouddha côtoient des statues de moines hyperréalistes et des squelettes animés au milieu d’échoppes vendant aux fidèles tous les accessoires imaginables pour exprimer sa foi.


De retour en ville pour la soirée, on s’installe à une table du marché de nuit pour partager la spécialité du coin : une sorte de fondue où l’on mélange dans un bouillon, des nouilles de riz, des herbes, du poulet, des crevettes, du poulpe et même un œuf. La patronne nous prépare tout ça dans les règles de l’art et on se régale.

Une petite marche digestive nous voit pousser plus loin la visite du marché de nuit. Celui-ci se révèle en fait être une foire très animée, avec force néons, musique à fond, manèges tournoyants et stands qui vendent tout et n’importe quoi à la foule compacte qui se bouscule dans les allées.

Le lendemain, on poursuit notre chemin (de fer) vers le Nord et le passé du pays. On remonte le temps jusqu’à Sukhothai. Première capitale du Siam, elle fut fondée au début du XIIIe siècle lorsque les Thaïs s’émancipèrent de l’empire Khmer. Elle resta capitale pendant près de 150 ans jusqu’à ce qu’Ayutthaya ne la supplante au milieu du XIVe siècle.

Avant de nous lancer à nouveau dans l’exploration des vestiges d’une capitale, on s’octroie une journée de repos à l’hôtel. On ne voudrait pas saturer d’Histoire. Et on fait bien car on échappe du même coup à une visite sous la pluie.
Le lendemain, on se lève tôt pour assister au lever du soleil sur les ruines mais l’aube dévoile un ciel couvert qu’aucun rayon de soleil ne transperce. Notre sortie matinale nous permet toutefois de découvrir la routine des moines qui parcourent les rues à pieds et reçoivent des offrandes de nourriture de la part des habitants.
A l’arrivée sur le site archéologique, on loue des vélos, de loin notre moyen de locomotion préféré pour ce genre de visite, et on se décide à explorer la zone centrale de la ville.

L’ancienne capitale est en fait découpée en trois zones : Centre, Nord et Ouest, chacune avec ses propres droits d’entrée. Afin d’éviter l’overdose, on se consacre à une seule des trois zones qui nous donne à découvrir les vestiges des temples Wat Mahathat (le plus grand et le plus beau), Wat Si Sawai (spécial, avec son style architectural Khmer) et Wat Sa Si (et son Bouddha dansant).

La matinée est longue et chargée en Wat. La faim commence sérieusement à se faire sentir et sur le chemin du retour à l’hôtel, on s’arrête donc dans un restaurant local pour tester la bien-nommée spécialité du coin : les « nouilles de Sukhothai ». Assis parmi les locaux, on se régale d’un mélange de nouilles arrosées d’un bouillon et agrémenté d’herbes et de savoureux morceaux de viande.


Une courte après-midi et un dîner plus tard (dans une pizzeria locale certes, mais aux recettes définitivement moins locales que le restaurant du midi), nous voilà au lit pour une dernière nuit à Sukhothai. Demain nous partons pour une nouvelle cité capitale : Chiang Mai.