Après sept mois sur les routes d’Afrique et d’Asie, et avant d’enchainer la Birmanie, le Laos et le Vietnam avec famille et amis, on se dit que passer quelques semaines au même endroit ne nous ferait pas de mal. On pensait d’abord faire un volontariat mais la Thaïlande s’avère bien plus stricte sur le sujet que la Tanzanie et le Népal, et nous n’avons pas demandé le coûteux visa de volontaire. Du coup, le plan se résume à profiter sans trop dépenser tout en avançant sur la mise en mots de nos épopées passées et la planification de nos aventures futures.

Changement de décor donc et direction le Nord pour deux semaines de repos entre Chiang Mai et Pai, deux villes aux visages bien différents mais chacune réputée pour sa douceur de vivre.

Chiang Mai, créée à la fin du XIIIe siècle pour sa position stratégique sur la route de la soie, fut la capitale du royaume Lanna (les Thaïs du Nord) mais ne cessa de passer sous domination Birmane (les voisins de l’Ouest) puis Siam (les Thaïs du Centre), avant d’être définitivement absorbée par ces derniers à la fin du XVIIIe siècle.

Aujourd’hui ville moderne de 250 000 habitants, elle garde de cette histoire mouvementée les vestiges des remparts qui ceignent encore la vieille ville. Les touristes comme nous viennent ici pour l’atmosphère tranquille, l’agréable harmonie architecturale du centre historique, les temples bien préservés à chaque coin de rue, et la scène gastronomique en ébullition avec ses restaurants offrant toutes les cuisines du monde et pour toutes les bourses.

Un coin de Thaïlande très agréable

Ainsi passe la semaine, doucement, entre balades en ville, visites de temples, test de différents restaurants, repos et lecture.

Les temples sont variés, du Wat Phra Singh et son toit de type Lanna, au Wat Chedi Luang, son vieux stupa en brique rouges et ses moines en robe safran ; sans oublier le Wat Phan Tao, tout en bois de tek.

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Notre gourmandise est comblée par la multitude de gargotes et étals du marché de nuit local.

Les saveurs du marché de nuit (et surtout le Kaho Soi hmmmm)

Personne ne résiste aux glaces artisanales. La magie en accéléré juste après

Séduits par la diversité culinaire du pays, on s’inscrit à un cours de cuisine thaï. Au programme : tour au marché pour découvrir les principaux ingrédients (riz, nouilles de riz, pâtes de curry, sauce au tamarin, sauce de poisson fermenté, basilic anisé, gingembre, citronnelle, etc.), puis on s’installe à nos woks pour concocter cinq plats chacun, de l’entrée au dessert (rouleaux de printemps, sauté de poulet aux noix de cajou, pad thaï, tom yum, curry vert, khao soy, etc.). Le cours de cuisine se termine par la dégustation de nos chefs d’œuvre, le tout dans une ambiance super conviviale.

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Cette première semaine terminée, on prend un bus pour Paï, 130 km de tournants sinueux en direction du Nord-Ouest, dont on nous a vanté l’ambiance détendue. On atterrit dans une auberge au centre de cette petite ville située non loin de la frontière birmane. Nichée dans un cadre bucolique et paisible, la ville a longtemps attiré les hippies du monde entier. Et bien que l’atmosphère ait un peu changé avec la célébrité, les paysages, eux, sont restés superbes.

A l’auberge, on s’entend bien avec le propriétaire anglais super accueillant et qui nous donne de bons conseils, y compris celui de changer d’auberge dans quelques nuits afin de découvrir le Paï plus rural. Il nous emmène voir le coucher de soleil dans un coin magnifique à l’écart de la ville en compagnie de Paula, une allemande, et Taro, un japonais, deux autres voyageurs de l’auberge, tous deux très sympathiques. On passe le reste de la soirée avec eux, entre un passage au marché de nuit pour satisfaire nos estomacs comme note curiosité et un tour dans une auberge où se tient un concert de Jazz.

Le lendemain, on part randonner à la journée vers la cascade de Mea Yon. On passe 7 heures à marcher pieds nus sur le sol sablonneux de la forêt, traversant et retraversant sans cesse le cours d’eau jusqu’aux chutes.

Suivant les conseils de notre hôte anglais, on déménage à la campagne pour le reste de la semaine. On pose les sacs au Paï Circus Hostel, qui nous offre une hutte au confort rudimentaire mais avec piscine et une vue exceptionnelle sur les montagnes environnantes. Le lieu est aussi connu pour accueillir des amateurs d’arts du cirque et l’ambiance festive qui va avec. Comme Noël approche, on se dit que c’est un bon endroit pour faire le réveillon avec d’autres joyeux voyageurs.

Entre deux sessions de tri de photos, et pour bien nous remettre de la grande randonnée de la veille, on part tester les réputés massages thaïs. A la fin de la séance, et comme c’est notre premier massage du genre, on se demande si le massage ne se résume pas en fait à tendre tous les muscles imaginables du corps, en usant des mains, pieds, coudes et genoux. On sort du centre à moitié endoloris sans savoir trop quoi penser.

On varie aussi les plaisirs en partant faire un tour des environs en scooter. Le pont de bambou construit par des moines à travers les champs jusqu’à leur monastère est plutôt pas mal et le coucher de soleil depuis le Bouddha blanc du Wat Phra That Mae Yen qui domine la bourgade n’est pas en reste.

La police nous contrôle deux fois sur la journée ; une fois pour vérifier que nous avons le bon permis de conduire et une autre fois à la recherche de drogues. On imagine que les touristes qui fument des herbes aromatiques et roulent sans permis ne sont pas si rares dans le coin.

Le soleil, les bananiers et la chaleur, nous font presque oublier Noël. Heureusement que l’auberge est là pour remettre nos calendriers à jour en passant nombre des chansons de Noël auxquelles nous pensions échapper dans ce coin du monde. Le jour du réveillon de Noël, la fête commence gentiment autour de la piscine de l’auberge en compagnie de nos amis d’un soir. Il y a Alex le jardinier québécois et ses deux copines déchainées, Nick le rockeur écossais aux piercings dans le nez, la paire de frangins argentins zinzins dont on a oublié le nom, Emma la jongleuse enflammée au crâne rasé et plein d’autres encore. Tout ce beau monde finit en ville dans une joyeuse cacophonie de Noël, pour le meilleur et pour le Pai !

Pas de cadeau au pied du sapin ce matin du 25 Décembre, mais on marque tout de même le coup en s’offrant un gourmand petit-déjeuner dans un café de la ville. Après une dure journée de bronzage en bord de piscine, on se refait plaisir à dîner en sortant dans un restaurant de Pai réputé notamment pour son plateau de fromages et ses bons vins.  C’est dix fois le prix de nos repas habituels mais au diable l’avarice, ce n’est pas non plus tous les jours Noël sous les tropiques !

Le séjour thaïlandais s’achève par la route sinueuse qui nous ramène vers Chiang Mai où l’on passe une courte nuit-étape avant de décoller pour Yangon et la Birmanie.