Entre l’île du Sud et sa sœur du Nord, la traversée en ferry du détroit de Cook nous offre à voir quelques beaux paysages de plus avant de débarquer dans la capitale du pays : Wellington.

Quelques tours et détours dans les rues à sens unique de la ville et nous arrivons finalement à notre hôtel … avec une once d’appréhension.


Nous l’avons en fait choisi pour son prix (et uniquement pour son prix dans cette ville où les logements sont chers) en sachant toutes les mauvaises revues écrites à son sujet, et notamment les effractions dans les chambres. On soupçonne aussi la présence de punaises de lit compte-tenu le tout petit prix… Du coup, on décide de laisser les sacs à l’abri dans le coffre de la voiture et on se pointe juste avec quelques vêtements et la trousse de toilette dans l’auberge qui ressemble fortement à une résidence Crous délabrée des années 90.

L’ambiance est étrange avec les voyageurs de passage qui se mêlent aux habitués des lieux à l’air un peu louche dans la grande salle commune. On ne s’attarde pas vraiment préférant découvrir Wellington et le grand musée de la culture Maori, le Te Papa.

Voilà l’opportunité d’apprendre plein de choses sur ce peuple d’origine polynésienne qui reste bien peu connu. De la légende des premiers pas sur l’île au long nuage blanc, aux croyances, en passant par le mode de vie, ainsi que la rencontre et la cohabitation avec les colons occidentaux, on passe trois heures intenses à se remplir culturellement. On finit éventuellement par une bonne bière artisanale dans le cadre éclectique du Goldings Free Dive dont les comptoirs sont décorés de belettes empaillées, de skis et de pas mal de figurines Star Wars.

Le lendemain, on quitte déjà Wellington pour Turangi, notre prochaine étape. Quatre cents kilomètres de route sont au programme avec un rapide stop dans les grottes d’Okupata pour observer les vers luisants qui en peuplent les parois. L’accès aux grottes se fait en suivant le lit d’une rivière qui s’écoule à l’intérieur. Le chemin est balisé de pancartes mettant en garde contre d’éventuelles montées du niveau de l’eau sans prévention, ce qui ne rassure pas du tout Gisèle. La descente dans un boyau obscur non aménagé, ni fréquenté, finie d’augmenter sa psychose et on ne reste finalement que quelques microsecondes à observer les vers luisants avant de remonter à l’air libre.

Notre auberge à Turangi offre un cadre familial et reposant. On papote longuement avec le propriétaire néo-zélandais, ancien commandant de yacht ayant bourlingué autour du globe et cherchant à vendre son hôtel pour rejoindre sa compagne suédoise au pays. L’aventure ne s’arrête jamais !
La journée suivante, nous partons pour l’une de nos plus belles randonnées du voyage : le passage alpin du Tongariro. On ne sait pas vraiment à quoi s’attendre à part que c’est une randonnée d’une journée (20 km) dont les paysages ont servi de décors aux films du Seigneur des Anneaux.

Un système de navette bien conçu nous prend à l’auberge au petit matin et nous emmène au départ de la randonnée. La même navette viendra nous récupérer sept heures plus tard, de l’autre côté du passage.
Sur la route qui nous mène au point de départ, nous assistons à un magnifique lever de soleil, la cime du mont Tongariro rosissant sous les premiers rayons. Nous caressons alors l’espoir d’un temps dégagé pour la journée… Espoir vite évincé lorsqu’après vingt minutes de marche, une épaisse purée de poids nous enveloppe, nous faisant même hésiter à faire demi-tour. On s’obstine pourtant, se battant contre les vents qui nous font tituber alors que nous grimpons au point culminant du passage. L’effort en vaut la chandelle car au sommet, le brouillard laisse place aux paysages pelés du Mordor, aux pieds de la Montagne du Destin, le fameux volcan Tongariro qui se dresse à notre droite.


La Terre a joué ici la carte du surréalisme : le sol est lunaire, les roches se teintent de rouge, de violet et de pourpre et les lacs déclinent des tons de verts – jade, émeraude ou turquoise. Le panorama est fascinant et ne nous sommes pas les seuls à s’en émerveiller (la randonnée est extrêmement fréquentée !).




On traverse le paysage aux odeurs soufrées avant de redescendre en pente douce au milieu de broussailles puis de forêt.


Après une bonne nuit de sommeil récupérateur, nous revoilà sur la route pour un petit-déjeuner pittoresque 50 km plus loin, au Mac Donald’s de Taupo, avec nos amis Emeric et Laura. Pittoresque, un Mc Donald’s ? Paradoxal, nous direz-vous ! Pas tant que ça lorsque le Mc Donald’s en question a reconverti un avion DC3 hors-service en restaurant !


Et c’est le Mc Morning bien calé au fond de l’estomac que Damien utilise les derniers deniers de la cagnotte offerte à l’occasion de ses 30 ans pour se jeter d’un avion (en service celui-là) à 3600 mètres au-dessus du lac Taupo.

La journée, aussi riche en calories qu’en émotions, se termine par une baignade décontractante dans les sources chaudes à proximité de la ville. Parfait !

Le road trip continue 80 km plus au Nord, vers Rotorua, une ville toute de vapeur et d’odeurs soufrées. En route, alors que le ciel n’en finit plus de nous arroser, nous nous arrêtons au site géothermique de Wai-o-tapu pour mettre des images sur l’odeur omniprésente. Ici la chaleur de la terre s’exhale par des cratères béants, les roches sont dissoutes en boues bouillonnantes et les sources chaudes rivalisent de couleurs.



En plus de l’intense activité géothermique, la région est aussi un coin phare de la culture Maorie. Alors que la pluie tombe toujours, nous nous arrêtons au village traditionnel et bien vivant de Whakarewarewa pour en connaitre plus sur cette population autochtone.

Une habitante anime la visite du village nous faisant découvrir les bains communs et la cuisine géothermique, et partageant légendes et anecdotes du coin. On assiste aux impressionnantes danses maories dont le célèbre Haka avant de rentrer sur Rotorua en fin d’après-midi, ravis de nos visites.

La pluie passée et nos vêtements séchés, on part à pied découvrir la ville dont les vapeurs terrestres sortent même des plaques d’égouts. L’odeur d’œuf pourri est partout, du musée de Rotorua au style Tudor jusqu’à la belle église anglicane d’un quartier maori en passant bien sûr par le parc Kuirau, un parc géothermique gratuit en pleine ville. Les habitants la surnomme avec humour « Rotten-Rua » (Rua-pourrie)


La route continue encore et encore.
On s’arrête 200 km plus haut à Whitianga dans la péninsule de Coromandel. Alors qu’on roule, on remarque la présence de nombreuses veilles voitures, belles américaines des années 50, qui se suivent en long cortège. Au village de Whangamata, on comprend en fait ce qu’il se passe : le Repco Beach Hop, un rassemblement de collectionneurs, est organisé ici tous les ans, rejouant la ruée vers les plages et le plaisir des premiers vacanciers de l’époque. Buick, Corvette et autres magnifiques Cadillac se côtoient pour le plaisir des amateurs et le nôtre.


On marque une pause à l’incontournable Hot Water Beach (littéralement la plage à l’eau chaude) dont le sable recouvre en fait une source thermale. Ici on creuse son propre bain dans la plage (enfin, nous, on a juste piqué un trou déjà fait…) « réglant » la température en mélangeant les eaux de la source à l’eau plus froide de la mer.

La marée montante met un terme à notre trempette, la température du bain se refroidissant sacrément à chaque vague nous arrivant dessus. On reprend donc la voiture jusqu’à Cathedral Cove et sa belle arche de pierre dominant la mer. On regrette bien de ne pas avoir gardé nos maillots pour profiter de l’attrayante plage aux pieds des rochers.

C’est bientôt la fin d’accord, d’accord.
On quitte la péninsule de Coromandel par ses mignonnes routes en corniche qui surplombent des plages de galets, pour se rendre à notre ultime étape en Nouvelle-Zélande, Auckland. Au passage on s’arrête saluer le vieux Kauri du coin ; un arbre de plus de 1200 ans de l’espèce emblématique du pays.

A Auckland, on prend nos quartiers au luxueux Crowne Plaza du centre-ville grâce aux points fidélité IHG de Damien, avant de filer au mythique Eden Park pour assister au match de super rugby du soir qui oppose les Blues d’Auckland aux Stormers du Cap.



On commence la journée un peu spéciale du lendemain par une grasse mat’. Nous sommes le 31 Mars 2019, c’est notre dernière journée en Nouvelle-Zélande et Damien fête ses 31 ans dans cet autre bout du monde. Après une agréable balade dans la ville, on se met sur notre 31 pour dîner de délicieuses coques et poissons locaux accompagnés d’un blanc du cru au Depot Eatery, le tout offert par Gisèle. Une journée spéciale donc, et parfaite aussi !




Pas de folie cependant, on se couche tôt car le réveil du lendemain sonne à 4 heures du matin pour ne pas rater notre prochain vol vers la Polynésie. A l’aéroport, face au nom de Papeete qui s’affiche au-dessus de la porte d’embarquement, on se dit qu’on a vraiment beaucoup de chance… En route vers Tahiti !