La Bolivie – Escale au lac Titicaca

L’heure est venue de découvrir un nouveau lieu mythique d’Amérique du Sud : le lac Titicaca !

Nous quittons La Paz à 8h après un dernier petit-déjeuner face à l’urbanisation dévorante de la capitale pour quatre heures de route en direction du plus haut lac navigable du monde.

Une bonne douche, un « desayuno » devant les infos et La Paz qui nous dit « Ciao » !

Le bus nous dépose sur les coups de midi à Copacabana, dont le nom nous évoque cocktails et monokinis. Au lieu de ça, nous débarquons dans une ville tranquille à l’allure endormie. Nous remontons à pied la grande rue silencieuse qui mène à notre hôtel où nous attend une chambre tout confort aux fenêtres ouvertes sur l’immensité scintillante du lac.

Copacabana, ensoleillée et colorée
Chambre (de jour) avec vue (de nuit)

Nos ventres gargouillants nous rappellent vite l’heure et nous nous rendons sur les bords du lac pour déjeuner. Toute la ville semble s’être rassemblée ici dans les nombreux « kiosquos », sorte de petites échoppes qui proposent une cuisine rapide et locale sous des tonnelles bariolées. On opte pour une truite du lac arrosée d’un filet de citron vert et accompagnée de la musique d’un groupe local qui anime un mariage. Pour le dessert, ce sera petit gâteau et café devant les façades immaculées de l’immense basilique Notre Dame de Copacabana.

Cygnes sur la plage de Copacabana et Truites dans nos estomacs !

Sur le parvis, nous découvrons une bien étrange tradition, mélange de rites chrétiens et d’animisme andin : un prêtre, encensoir et goupillon en main, asperge d’eau bénite des voitures rutilantes ornées de bouquets de fleurs et de cocardes. Les locaux viennent ici faire « baptiser » leur véhicule et s’assurer une protection divine sur la route.

Saint Christophe a de la compétition

A certaines périodes de l’année, des fidèles venus de toutes les Andes s’amassent dans la basilique pour rendre hommage à la Virgen de la Candelaria. Curieux de découvrir l’objet de tant de ferveur, nous poussons les superbes portes sculptées de l’édifice et découvrons sous les coupoles une statuette aux allures de poupée. Voici la sainte patronne de la Bolivie parée de froufrous blancs et dorés, l’une de ses cinq tenues annuelles. Plus loin, d’autres vierges de différents pays d’Amérique du Sud sont rassemblées en une singulière collection.

Pour l’anecdote, si la célèbre plage de Rio se nomme Copacabana, ce serait dû, dit-on, à un prêtre perdu en mer qui aurait imploré le secours de cette vierge locale avant d’échouer sain et sauf sur la fameuse plage brésilienne.

Suivant le chemin des pèlerins, nous quittons le sanctuaire de la basilique pour grimper au sommet du Calvario, petite butte dominant la ville. On a parcouru des pentes bien plus raides mais, arrivés au sommet, le souffle nous manque un peu. Il faut dire que Copacabana se trouve 200 mètres plus haut que La Paz.

La ville .. pfiou .. du haut .. pfiou .. du .. pfiou .. Calvario (un vrai calvaire !)

Du haut du Calvario, le lac Titicaca apparaît comme une mer infinie. L’esplanade rassemble dans un joyeux mélange des groupes de jeunes venus passer la journée à discuter autour d’un pack de bières et des vendeurs de petits temples censés apporter santé, succès et bonheur.

Les marchands du temple

Tout à la contemplations des rayons du soleil sur la surface ondulée du lac, nous nous rappelons qu’une éclipse partielle est prévue le jour même. Autour de nous, des gens patientent d’ailleurs lunettes télescopiques et filtres en place, quand d’autres, moins équipés mais plus ingénieux, affichent l’alignement des astres sur le sol caillouteux avec quelques bouts de cartons savamment positionnés.

Malins les boliviens (si vous arrivez à voir l’éclipse sur la coque blanche du portable)

Tandis que Gisèle se fait embarquer dans une discussion un peu ésotérique avec d’illuminés « anti-lune », Damien repense à « Tintin et le temple du soleil », bien ancré dans le moment avec cette éclipse au-dessus du Titicaca et le lien archéologique établi entre le lac et la cité sacrée de Tiwanaku où nous avons passé le nouvel an andin.

Face à l’immensité du Titicaca .. où l’appareil photo nous fait la surprise d’immortaliser l’éclipse

Cette belle journée s’achève par un petit dîner à l’hôtel devant le match de Copa America de football opposant le Brésil à l’Argentine.

Plusieurs îles flottent à la surface du Titicaca dont l’Isla del sol, l’île du soleil, la plus grande d’entre elles avec une surface de moins de 15 km2. Lieu sacré pour les Aymaras et les Incas, l’île aurait été habitée dès trois milles ans avant notre ère et serait le point de départ de Manco Capac, fondateur de la cité péruvienne de Cusco, cœur névralgique de l’empire Inca.

L’île rassemble près de 80 ruines incas réparties du Nord au Sud et qui sont l’objet d’une féroce compétition entre les communautés des deux extrémités pour les touristes qu’elles attirent. Jusque là inaccessibles à cause du conflit qui oppose le Nord au Sud, on apprend auprès des agences de Copacabana que l’accès aux ruines du nord (soi-disant plus intéressantes) a été rétabli depuis peu. Il faut cependant prendre l’unique bateau journalier et passer une nuit sur place, ce que nous ne pouvons pas faire sous peine de manquer nos retrouvailles avec Yann et Aimy au Pérou voisin.

Isla del Sol en vue !

Nous levons donc l’encre avec le premier bateau du matin en direction du Sud de l’île et des ruines peu impressionnantes de Pilko Kaina, un palais inca qui aurait été construit par l’empereur Tupac Inca Yupanqui, fils de Pachacutec.

Le confort du palais inca laisse à désirer mais la vue sur le lac et les Andes est plutôt pas mal

Le chemin qui s’élève au dessus des ruines nous amène au village de Yumany en passant par plusieurs miradors offrant de beaux panoramas sur les charmes méditerranéens de l’île. Curieux et un peu têtus, on se décide à rejoindre le sentier des crêtes menant vers le Nord. On se retrouve malheureusement bien vite arrêtés par des habitants interdisant l’accès à tout touriste et punissant ainsi leurs voisins du dessus d’avoir voulu manger une bonne part du gâteau touristique. Ca gâche un peu notre plaisir et nous ôte par là même l’envie de participer au tourisme de la partie Sud. On trouve par ailleurs que les sudistes profitent allègrement de leur monopole en pratiquant des prix bien plus élevés que d’habitude (30 Bob le café au lait, soit presque 4€ … on vous laisse estimer le prix du repas).

Peut-être qu’en changeant d’accoutrement on serait passés ?

Malgré ces petites contrariétés, la journée fut belle sur cette île rocailleuse aux cultures en terrasse et aux côtes découpées dans le bleu du lac. Empreinte d’une douceur de vivre qu’on imagine millénaire, elle semble flotter hors du temps sur les eaux du lac. De retour à Copacabana, nous prolongeons le plaisir de cette virée en portant nos yeux sur le magnifique coucher de soleil qui embrase la surface du Titicaca.

Une dame regarde le temps passer
Et pas un bruit pour la déranger

Notre dernière soirée en Bolivie est l’occasion d’un petit dîner au restaurant, agrémenté des demi-finales de la Copa America où le Pérou a réussi l’exploit de se hisser pour affronter le Chili. On sympathise rapidement avec la famille chilienne attablée derrière nous dont l’enthousiasme est contagieux.

Malheureusement pour le football, une coupure d’électricité interrompt la retransmission télévisuelle. En attendant que les serveurs nous dégotent quelques chandelles pour finir notre repas dans une ambiance des plus romantiques, on sort papoter dehors et découvrons qu’en fait toute la ville est plongée dans le noir. La voûte céleste délestée de toute pollution lumineuse offre alors son éclat à nos yeux émerveillés. Une bien belle manière de finir notre voyage en Bolivie, la tête dans les étoiles.

Gisela, Trucha, Copa America y mucha estrella … adios Bolivia !

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