Le Pérou – Du Titicaca à la capitale Inca

Notre prochaine étape s’appelle Puno, une petite ville péruvienne à une centaine de kilomètres de la frontière bolivienne, toujours sur les rives du Titicaca mais dans un tout nouveau pays !

La route depuis Copacabana traverse des champs dorés parsemés de tipis de pailles, alternative conique à nos familières bottes de foin. Au milieu, paissent vaches, moutons et lamas surveillés de près par un villageois vigilant. Les grands espaces ruraux semblent ici beaucoup plus cultivés que du côté bolivien.

Holà Peru !

A Puno, on retrouve les Petas (les coccinelles VW rappelez-vous) et on découvre pour le plus grand plaisir de nos papilles le ceviche, plat emblématique du Pérou à base de poisson cru mariné dans du citron vert et mélangé à du piment, du maïs noir et des patates douces.

Les petites Petas colorées sont au rendez-vous
Tout comme le délicieux Ceviche

En attendant l’arrivée de Yann et Aimy en soirée, on occupe l’après-midi en faisant le tour des agences touristiques de la ville afin de réserver l’excursion phare des prochains jours : une sortie sur le lac Titicaca à la découverte des îles Uros, Amantani et Taquile.

Le temps d’un pisco sour pour le goûter et nous retrouvons notre couple franco-américain préféré pour leurs deux semaines de voyage prénuptial à travers le Pérou.

On s’installe tous les quatre dans une petite auberge de Puno où l’adorable gérante nous fournit un radiateur pour chacune des chambres afin de pallier la fraîcheur des nuits locales.

Le lendemain matin, nous larguons les amarres pour voguer à la rencontre du peuple Uros. Installés à six kilomètres de la ville de Puno, les Uros vivaient à l’origine sur un archipel de quarante îles flottantes éponymes. Il n’en reste aujourd’hui plus qu’une dizaine, maintenues principalement à des fins touristiques. 

Chez les Uros, tout est basé sur le totora, île, maison et même le bateau

Nous sommes accueillis sur l’une d’elle par Daniel, chef de famille et président de l’île sur laquelle quatre familles vivent. Il nous explique comment chacune des îles est construite et gérée. Formées d’un entrelacs de roseaux « totoras » constituant une base pouvant aller jusqu’à 4 m d’épaisseur, les îles Uros sont en fait artificielles. Parcelles flottantes, les habitants les déplaçaient auparavant au gré des pérégrinations des bancs de poissons ou de la présence trop pressante des puissants voisins incas installés sur les berges. Les îles sont désormais plus sédentaires mais toujours régies par des présidents ou présidentes élus chaque année dans le cadre d’une politique tournante, assurant ainsi l’implication de chacun. 

Les belles broderies artisanales du peuple Uros illustrent les histoires de Daniel
Damien est content, lui qui adore les îles flottantes …

Poser le pied sur ces radeaux géants et voir que des familles y vivent encore est sacrément étonnant – même si le mode de vie d’aujourd’hui repose plus sur le tourisme que sur la pêche et la chasse aux oiseaux comme c’était le cas avant. Le totora représente vraiment l’alpha et l’oméga du peuple Uros. Véritable plancher flottant, le roseau sert à construire maisons et bateaux (qui inspirèrent le Kon Tiki), à nourrir les autochtones ainsi qu’à protéger les insolites édifices.

La fine équipe

Après un petit tour sur une embarcation en totora, nous reprenons place à bord du bateau plus moderne. Deux heures de croisière sur cette mer intérieure et nous voilà sur l’île d’Amantani, entièrement naturelle quant à elle.

Terre ! Terre !

Des familles vêtues de beaux habits traditionnels nous accueillent sur le ponton et nous faisons la connaissance d’Ellias et Eusebia, un couple d’un certain âge de la communauté coalchique, qui nous accueillent pour la nuit car il n’y a pas d’hôtel sur Amantani. Chaque famille de chaque village reçoit à tour de rôle les touristes afin que tout le monde profite également des retombées économiques. Notre logement est moins rustique que ce à quoi on s’attendait. La chambre pour quatre est confortable, avec notamment plusieurs épaisseurs de couvertures en laine de lama sur les lits ; il y a l’eau courante et l’électricité grâce à quelques panneaux solaires. L’humble cuisine a tout le nécessaire et, au moment du déjeuner, Eusebia s’affaire autour des deux feux de bois pour nous mitonner une délicieuse soupe de quinoa accompagnée d’un peu de fromage et de quelques tubercules. 

Les belles tenues d’Amantani

Nous retrouvons le guide après manger pour un petit cours d’agriculture insulaire. Ici pousse du quinoa mais aussi plusieurs variétés de maïs, trente variétés de pommes de terre, de l’oka et de la muña, sorte de menthe dont nos hôtes font de savoureuses infusions qui facilitent la digestion.

Ellias, son cheval et les cultures en terrasse d’Amantani

On emprunte en fin d’après-midi le chemin qui mène au sommet de l’île. Ici toutes les femmes semblent tricoter les fameux bonnets péruviens dont de beaux exemplaires sont exposés à la vente tout au long du sentier qui se termine au temple dédié à la Pachamama. Le panorama se déroule alors à 360°C et l’on  domine l’immensité du lac. Magnifique point de vue pour admirer le coucher de soleil sur le Titicaca.

Ça aussi on ne s’en lasse pas !

De retour à la maison et après un dîner toujours aussi typique, Ellias et Eusebia nous amènent de superbes tenues traditionnelles à revêtir pour une fête folklorique donnée dans la salle commune du village. On enfile jupe, surjupe et chemisiers brodés pour les filles, poncho et bonnets pour les garçons et on file à la fête. Timides au début, on se laisse prendre par l’ambiance dansante avant que la fatigue ne nous rattrape bien vite. Les 4000m de ce lac perché dans les Andes se font bien sentir et nous n’avons aucun mal à trouver le sommeil blottis sous nos couvertures. Merci amis lamas de nous avoir prêté votre laine.

Préparation dans notre chambre avant la soirée
Difficile de capturer le mouvement

Le lendemain, nous remercions nos hôtes à 7h et rejoignons l’île voisine de Taquile. Si les femmes filent toujours la laine, ce sont désormais les hommes qui manient les aiguilles et confectionnent de petits bonnets dont la couleur et la forme indiquent le statut : enfant, célibataire ou bien marié.

Comme à Amantani, Taquile est vierge de toute route et véhicule à moteur et l’on se déplace sur des sentiers de pierres accompagnés d’ânes ou de moutons. Il règne ici une atmosphère silencieuse et paisible dont on aimerait profiter plus longtemps, mais le reste du Pérou nous attends et avec lui le retour sur Puno dans l’après-midi. 

Des femmes, des hommes et…
… des petites filles qui filent la laine des moutons sur la place de l’église
Un bout de monde bien paisible

De retour sur la terre ferme, on s’offre une soirée couleur locale à la Choza de Oscar où l’on se régale d’un bon poulet accompagné d’un spectacle de musique et de danse du coin. La vie est belle !

Dès le lendemain, tels les légendaires Manco Capac et Mama Ocllo, père et mère de l’empire inca, nous quittons le berceau du lac Titicaca et faisons nos premiers pas en direction de Cuzco.

Plutôt que de parcourir les 400 km d’une traite en utilisant les bus locaux, nous préférons les services de la compagnie Inka Express et un trajet parsemé d’arrêts touristiques.

Inka cola, juste pour le plaisir

On s’arrête brièvement à Pukara où l’on en apprend plus sur les taureaux en terre cuite qui trônent par deux au sommet des toitures, sorte d’amulettes porte-bonheur, que sur la cité pré-inca dont on aperçoit les vestiges depuis le village. 

La route se poursuit à plus de 4000 mètres d’altitude à travers une végétation jaunie par le rude soleil de l’altiplano.

La beauté rude de l’altiplano

Le village de Raqch’i, ancien centre spirituel et administratif inca, constitue le deuxième arrêt. Ici les prêtres vénéraient le dieu créateur Wiracocha au sein d’un temple dont il ne reste plus qu’un imposant mur en torchis. Situé sur le chemin de l’Inca qui mène au Machu Picchu, le site aurait servi de poste de douane entre la région aymara au Sud, d’où l’on vient, à la région quechua au Nord, où l’on va. L’organisation de l’ancienne cité est rigoureuse. Les habitations rectangulaires étaient disposées de part et d’autre de l’allée principale tracée sur la trajectoire du soleil. En périphérie, des constructions circulaires servaient au stockage des denrées.

De sacrés bâtisseurs ces incas !

A moins de 45 km de Cuzco, le bus s’arrête une dernière fois à Andahuaylillas. Ce petit village abrite l’église Saint-Pierre-Apôtre d’Andahuaylillas dont la richesse des peintures intérieures lui vaut le surnom de “Chapelle Sixtine des Andes”. 

Pas de photo à l’intérieur mais ça vaut le détour, on ira faire un tour à la vrai pour comparer

Parfaits exemples de propagande religieuse, les murs sont recouverts de décors mêlant symboles chrétiens et art andin dans un but de faciliter l’évangélisation des peuples indigènes. Dès l’entrée, on est fasciné par la richesse des détails et des dorures. On est là, bouche bée, les yeux rivés sur les illustrations fleuries du plafond, lorsqu’un petit groupe de Péruviens laissent échapper un « hourrah ! ». Il s’agit du personnel contrôlant les billets d’entrée. Les yeux collés à leur smartphone, ils suivent en direct le match de finale de la Copa América qui oppose le Pérou au Brésil, pays hôte, et devinez qui vient de marquer ?

On arrive à Cuzco dans un décor de banderoles rouges et blanches reprenant les couleurs du pays. Malheureusement, le Pérou s’inclinera finalement 1 à 3 face au voisin brésilien. Faute de liesse populaire, on se console d’une délicieuse crêpe bretonne dans le quartier bobo de San Blas, sur les hauteurs de Cuzco. 

Ils sont vraiment partout ces bretons !!

Laisser un commentaire