Le Népal – Trek des Annapurnas, Jour 5 à 9

Suite et fin du récit de notre trek au Népal. Voici les cinq derniers jours, de Manang à Jomson, en passant par deux ascensions à 5000 mètres et plus 😉

Jour 5

  • 14,5 km / 7h de marche avec pauses
  • Altitude de départ : 3519 m à Manang
  • Altitude d’arrivée :  4150 m au camp de base du Lac Tilicho

Dès le départ de Manang, le chemin en direction du camp de base du Lac Tilicho commence à grimper. La végétation se fait plus rase et les constructions de bois font place aux constructions de pierre.

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On croise aussi nos premiers grands bharal
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Des vues de plus en plus « wouahou »

Avant d’arriver au camp, le sentier sinue dans une zone prône aux glissements de terrain. On marche sur les gravillons comme sur des œufs, en essayant de se faire le plus léger possible. Le vide à notre gauche est juste impressionnant… Un faux pas pourrait avoir des conséquences désastreuses ! Vertigineux s’abstenir !

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Le chemin…
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Le vide…

Avec un départ à 7h du matin on arrive au camp de base à 13h45, assez tôt pour obtenir une chambre. Ici les places sont limitées et certaines personnes nous ont même raconté avoir passé la nuit sur un matelas à même le sol dans la salle à manger d’un des 2 seuls hôtels du coin tellement il y avait de monde…

On prend nos quartiers au New Tilicho hotel dont on négocie la chambre double à 300 roupies népalaises au lieu de 500. On apprendra le lendemain que le deuxième hôtel du camp propose des chambres gratuites et un service bien plus agréable.

Pour l’heure on se prépare pour la grosse journée du lendemain où l’on devrait approcher les 5000 mètres d’altitude. On dîne d’un énorme dhal bat, le fuel du trekkeur, et de soupe à l’ail, l’anti-mal des montagnes. On se souvient aussi des enseignements du Kilimanjaro en s’hydratant abondamment.

Jour 6

  • 17 km / 8h de marche avec pauses
  • Altitude de départ : 4150 m au camp de base du Lac Tilicho
  • Altitude d’arrivée :  4000 m à Shree Kharka
  • Point culminant : 4919 m au Lac Tilicho

Afin d’éviter les vents glacés qui se lèvent à partir de 11h au niveau du lac, nous levons le camp à 6h. Sur le chemin, on voit déjà une ribambelle de marcheurs. On croise quelques yaks qui semblent nous souhaiter bonne chance avant de commencer à grimper. Le chemin en zigzag est assez raide mais l’entrainement du Kilimandjaro nous donne l’avantage et on double pas mal de monde au souffle court.

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Yak a y aller !
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Du plat avant la grimpette
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Surtout, ne pas oublier de s’hydrater !

A 8h15, le lac se découvre, immense et d’un bleu profond saisissant. A sa gauche, on distingue, accroché à la montagne, le glacier dont il est le prolongement. Quel cadre spectaculaire pour fêter les 31 ans de Gisèle ! On prend la pause, la beauté du site nous faisant vite oublier nos doigts gelés.

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A 10h30, on est de retour à l’hôtel où nous avions laissé nos gros sacs. On avale un déjeuner avancé et alors qu’on s’apprête à partir on entend les voix familières de Benoît, Sophie, Antoine, Aurélie et Corina. Ils prévoient de monter au lac le lendemain alors que Simon et Max ont continué en direction du col du Thorung La, LA grosse étape du trek, pour laquelle nous venons de nous acclimater. On se souhaite mutuellement bonne chance et on se donne rendez-vous sur Pokhara où tout le monde a prévu de se reposer après le trek.

Le chemin de l’après-midi n’est autre que celui de la veille. L’appréhension du passage en glissement de terrain est vite effacée par les magnifiques paysages qui s’offrent à nos yeux et nous atteignons Shree Kharka, notre étape pour la nuit, en début d’après-midi, ce qui nous laisse assez de temps pour buller dans la chaleur agréable de la grande véranda de l’auberge.

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Un petit Damien dans un grand panorama
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On se détend en profitant des vues sur les sommets et la vallée

A dîner, on partage la table avec trois israéliens, 2 frères d’origine européenne et 1 jeune d’origine arabe. La discussion est l’occasion de découvrir Israël sous un nouvel angle (moins religieux que celui d’Annaëlle et Ranan rencontrés en Tanzanie). On apprend notamment le fonctionnement des kibboutz, ces communautés solidaires, et les différences de considération des juifs d’origine européenne et ceux d’origine arabe, ces derniers étant souvent victimes de racisme au sein même du pays.

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La nuit est froide, humide et habitée de petites bêtes… brrrr

Jour 7

  • 17 km / 5h30 de marche avec pauses
  • Altitude de départ : 4000 m à Shree Kharka
  • Altitude d’arrivée :  4519 m à Thorung Pedi

Dernière journée à l’Est du col du Thorung La et, suivant nos habitudes, nous quittons la guesthouse dès potron minet. La journée est courte et on s’arrête au pied du col, à Thorung Pedi sur le coup des 14h. On s’installe à la plus haute guesthouse du « hameau » avant la montée que tout le monde s’accorde à qualifier de difficile, et qu’on réserve pour le lendemain.

On choisit de ne pas monter jusqu’au High Camp situé plus près du col et qui propose aussi des hébergements, car on ne souhaite pas grimper pour se rendre compte une fois en haut qu’il n’y a plus de place pour dormir. Et puis on espère aussi passer une meilleure nuit à 4519 mètres qu’à 4540 mètres, l’altitude du High Camp.

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Le village abandonné d’Upper Khangsar, perché sur son piton rocheux
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L’immensité des montagnes, toujours
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Accueillis par les yaks à Yak Kharka
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On est à sec !
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« Il descend de la montagne à cheval… »
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Dernier obstacle avant Thorong Pedi
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Contente d’être arrivée

Jour 8

  • 26 km / 12h de marche avec pauses
  • Altitude de départ : 4519 m à Thorung Pedi
  • Altitude d’arrivée : 2804 m à Kagbeni
  • Point culminant : 5416 m au col du Thorung La

C’est comme des charmes et après une bonne nuit que l’on se réveille le lendemain à 5h15. Dehors, il neigeote et une fine pellicule blanche recouvre le sol. Il fait encore nuit noire et on a en tête ce qu’il s’est passé ici en Octobre 2014 lorsque des dizaines de gens ont perdus la vie après s’être soudainement retrouvés bloqués dans une tempête de neige alors qu’ils étaient partis à l’assaut du col. On a beau voir les frontales des gens qui montent, on n’est pas rassuré et on décide de retarder un peu notre départ. Dans le jour naissant, on se rend compte que le chemin est bien balisé et visible : c’est parti pour l’ascension !

La partie jusqu’au High Camp est soi-disant la plus difficile car raide. On y arrive en une demi-heure, étonnés, car on s’attendait à plus difficile. On apprécie tout de même la pause pour se réchauffer et boire un thé gracieusement offert par des gens qui ont passé une (mauvaise) nuit ici. On a hâte d’en découdre avec le col, du coup on ne s’éternise pas. Après le High Camp, la pente est plus douce mais tout aussi blanche. Les drapeaux de prière colorés égaillent le sentier.

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On marque et prend la pause au High Camp

On atteint le col à 8h. Les nuages qui s’accrochent sur les sommets alentours et le fin manteau de neige qui recouvre le sol donne au lieu une dimension éthérée. Le froid, pinçant, nous ramène cependant vite à la réalité et vers la vallée.

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Les nuages laissent place aux sommets enneigés… un cours instant
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On l’a fait !

La descente s’avère presque plus dure que la montée et ce sont les genoux tremblant que nous atteignons Muktinath où nous commandons vite un bon dhal bat pour recharger les batteries.

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La descente presque plus longue que la montée
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Bien sûr il y en a toujours pour ne pas faire les choses comme les autres
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Dernier pont de singe, Muktinath n’est pas loin !
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Après tout cet effort, le réconfort est dans un bon dhal bat arrosé d’un jus d’argousier

On aurait pu rester à Muktinath et profiter de l’après-midi pour se reposer ou flâner dans ses nombreux temples bouddhistes et hindous mais au lieu de ça on se remet en route en direction de Kagbeni.

On manque de se perdre dans les cultures du village de Purang, en périphérie de Muktinath, mais un jeune travaillant aux champs nous remet sur le bon chemin. On traverse les authentiques villages Mustang de Jong et de Putak. Situés à la frontière de cette région mythique, ce sont les seuls dont nous pouvons découvrir les belles maisons aux murs de pierres et torchis sans payer le permis de 500$ par personne, obligatoire pour visiter l’ultra-protégée Mustang.

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Purang et ses cultures
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Les jolies maisonnettes du coin
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Putak, prochaine âme qui vivent à 10km

Après le village de Putak, le chemin qui longe la route s’étend dans un cadre aride et monotone. On croise un groupe de faisans puis plus rien… il semble que rien ne vive ici. Balayée par le vent, la route jusqu’à Kagbeni semble interminable.

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La route, interminable et le paysage, désolé
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Y’en a marre

On atteint enfin le village après avoir passé une sorte de petit goulet à moitié effondré poursuivis par un troupeau de chèvres qui descend de ses montagnes.

A Kagbeni, on se rend compte que l’offre hôtelière s’adresse à un public plus aisé (certainement ceux en partance pour les étendues sauvages du Mustang). Ici le prix des chambres a doublé et peu des hôtels dont nous poussons la porte acceptent de baisser leur prix si nous prenons nos repas chez eux… on se décide finalement pour le Yak Donald dont Laura et Daniel nous ont longuement parlé. Une bonne douche chaude et nous voilà installé dans la salle du restaurant à déguster le très bon (mais très petit) Happy Meal, un burger fait à base de produits locaux et notamment de fromage et viande de yak, qui fait du bien à la communauté et à nos estomacs.

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Le village de Kagbeni, enfin
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Quel accueil !
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L’auberge du Yak Donald et son très bon (mais très petit) Happy meal

Jour 9

  • 13 km / 5h de marche avec pauses
  • Altitude de départ : 2804 m à Kagbeni
  • Altitude d’arrivée : 2743 m à Jomsom

Ce matin on prend notre temps, on goûte au thé tibétain puis on va visiter le beau monastère de Kagbeni avec l’un des moines pour guide. On prend la route vers 9h30 et on décide de suivre un itinéraire alternatif car le chemin principal semble être sur la piste qu’on nous a dit bien passante et poussiéreuse.

Erreur ! Le chemin alternatif grimpe vers deux mignons petits villages (et offre de beaux panoramas sur la vallée) avant de redescendre sur une pente à moitié éboulée, exposée à de violentes rafales de vent, dont il est difficile de repérer les indications et qui semble uniquement fréquentée par les éleveurs de chèvres. Nos jambes et notre mental sont mis à rude épreuve. Alors qu’on devine notre dernière étape, Jomsom, en contrebas, on a l’impression de ne pas s’en rapprocher… Au bout d’un moment Gisèle craque, et Damien doit doubler sa motivation pour la déloger de derrière le rocher où elle s’est assise.

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Le nouveau et l’ancien temple de Kagbeni
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Un panorama qui aura mis nos nerfs à rudes épreuves

On arrive à Jomsom à 14h00, soit deux heures plus tard que si l’on avait choisi le chemin principal. On n’en peut plus et on se décide à prendre le premier bus pour Pokhara afin d’être au plus vite dans un endroit confortable. A peine le temps d’acheter des sandwichs fait avec amour par une petite dame que l’on saute dans le bus, affectueusement surnommé « bus de la mort » par les touristes du monde entier. C’est parti pour près de 12 heures de secousse !

Le bus est plein à craquer. Alors que Damien a pleine vue sur le fond du ravin au bord duquel le bus roule sans protection, Gisèle apprécie les effluves fumés du sâdhus assis à moitié nu à ses côtés.

Le bus rebondit sur ses amortisseurs, et les passagers sur leurs sièges. Heureusement que la traversée de troupeaux de chèvres et les nombreux travaux d’améliorations de la piste sont là pour offrir quelques moments de répit.

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Bloqués par les chèvres qui descendent de leur montagne

Après quelques tentatives soldées par un bon assommement contre la vitre ou le siège avant, on arrive finalement à s’endormir. On ouvre les yeux à 2h00 du matin : on est arrivé à Pokhara, sains et saufs ! On rejoint notre hôtel, l’Himalayan Star, et on désactive toutes les alarmes de nos téléphones. Demain le programme est simple : grasse mat’ !

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