Le Vietnam – Monts et merveilles du Nord

Xin Ciao et bienvenue au Vietnam !

Fraichement atterris dans la capitale Hanoï, on pose nos valises à l’auberge avant de filer retrouver les parents de Gisèle à leur hôtel. Eux sont arrivés deux jours auparavant alors que nous attendions patiemment nos visas au Laos (fête du Têt oblige…). Installés ensemble à la terrasse d’un bar, on profite de l’agréable chaleur de Février pour trinquer aux retrouvailles, neuf mois plus tard et 2000 km plus loin d’Issoire.

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Finalement on y arrive

Notre séjour à Hanoï ayant été légèrement écourté par les soucis d’obtention des visas, notre première journée commence fort avec plus de 20 km à pied à travers la ville.

Le musée national d’Histoire du Vietnam nous donne un premier aperçu, un peu brouillon, du pays et de son peuple. Il en dresse le portrait depuis la préhistoire jusqu’à la fin du XXe siècle, en passant par les 1000 ans de domination chinoise, les 900 ans de seigneurie féodale vietnamienne, les 100 ans de colonisation française, la guerre d’Indochine qui en sonna le glas, la scission du pays entre Nord communiste et Sud capitaliste qui suivit et enfin, la guerre gagnée contre les américains.

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Beaucoup d’or, de nacre et d’Histoire

On découvre le vieux quartier et ses rues grouillantes de vie, la myriade de petits métiers du quartier des 36 corporations, les anciennes maisons de négoce, les temples à l’architecture chinoise remarquable et le grand opéra de la ville.

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La barbe ou les orteils ?
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Le neuf et l’ancien côte à côte

On traverse les avenues frénétiques emplies de scooters, de voitures et de vélos, sans jamais ralentir ni accélérer le pas, et avec une confiance aveugle en ce flot turbulent qui s’écoule autour de nous dans un chaos incroyablement efficace.

Les femmes contrastent fortement avec leurs voisines laotiennes en arborant un style très occidental, tout en tailleur et talons. Et c’est perchées sur leur scooter qu’on les voit filer au bureau à travers la ville.

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Essentiel art du faufilage, mais aussi du garage

A midi, on s’offre une pause au calme dans les espaces verts du paisible lac Hoan Kiem. On se régale du saucisson et du Saint-Nectaire ramenés par les parents de Gisèle et on regarde la vie qui passe autour de nous.

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M’asseoir sur un banc cinq minute avec toi … regarder le saucisson qui s’en va
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Et acheter quelques fruits pour la conscience diététique

Les maisons, étroites à faire pâlir la plus étroite des maisons d’Amsterdam, nous étonnent aussi fortement. On les appelle ici des maisons tubes, car longues et étroites comme des tubes. Ce choix architectural atypique serait en fait dû à une loi taxant la largeur des façades. Les lois passent, les hommes s’adaptent.

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Adaptation aux taxes en vigueur
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Mais aussi aux voies ferrées et au prix élevé des utilitaires

En fin de journée, la chaleur tombe un peu, les rues s’illuminent et Hanoï nous réserve encore d’agréables surprises, que ce soit sous la forme d’une assiette savoureuse bien remplie ou d’un spectacle folklorique de marionnettes sur l’eau.

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A Hanoi, la nuit tombe et avec elle les bouteilles de vin
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Etonnant théâtre d’eau d’Hanoï

A peine eu le temps de rentrer dans le tourbillon de la capitale vietnamienne que déjà il nous éjecte vers les routes du Nord où montagnes, vie rurale et minorités ethniques nous attendent.

Afin que les parents de Gisèle profitent un maximum de leur séjour, nous avons temporairement quitté nos oripeaux de routards et opté pour un tour sur mesure. On prend ainsi place à bord d’un minibus privé, climatisé et surdimensionné, accompagné de Tang notre chauffeur et de Hieu (prononcer Yo) notre guide francophone ; et tout ce beau monde quitte Hanoï par une belle autoroute bordée de rizières à travers lesquelles surgissent çà et là des tombes. Celles-ci datent d’un temps où les morts étaient enterrés où ils avaient vécu, tandis qu’aujourd’hui tout le monde finit au cimetière. Heureusement, le respect des anciens a préservé ces lieux de mémoire.

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Petit transport privé et guide érudit pour explorer le Nord

Nous partons pour cinq jours à travers le Nord, près de la frontière avec la Chine afin de découvrir paysages, villages et cultures locales. Hieu nous apprend une montagne d’information sur le Vietnam, son histoire et les peuples qui le forment. Celui du Nord en particulier composé par plus de vingt ethnies minoritaires dont les Hmongs, les Dao, les Tày, les Nùng, etc.

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Autant de styles vestimentaires que d’ethnies minoritaires

Peu à peu les rizières laissent place aux plantations de thé, puis aux orangers et goyaviers. On s’arrête au minuscule marché hebdomadaire de Phú Hô l’occasion pour les parents de Gisèle de s’étonner devant les poissons vivants entassés dans de grosses bassines et la multitude de produits frais (fruits, légumes, oeufs…) disposés à même le sol.

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On va pas s’embêter avec un étal !

Plus loin, alors qu’on parcourt à pied l’unique rue d’un village Dao, un monsieur en scooter, un peu éméché, nous arrête heureux de parler à des étrangers et fier de nous montrer ses animaux et sa maison. On découvre ici un mode de vie complètement autonome avec une ou deux vaches pour le lait, des cochons pour la viande, des poules pour les oeufs mais aussi un potager bien fourni et un bassin à poissons. Cela ferait bien des envieux par chez nous.

La journée s’achève finalement à Ha Giang, la ville principale de la région. Notre hôtel pour la nuit est une sorte de Club Med vietnamien, charmant et désuet avec ses pédalos en forme de cygnes et sa piscine fermée. A cette saison, nous sommes les seuls touristes avec un autre groupe de 4 français, dont on sent bien que certains ont connu la guerre d’Indochine.

Au petit matin, on met le cap vers les montagnes et leurs routes tortueuses. Chaque virage offre un meilleur point de vue sur la route qui prend de l’altitude. Quelques pauses aux différents miradors nous permettent d’apprécier les dégradés du vert au brun des cultures, parsemés des toits colorés des habitations et du rouge intense des arbres capotiers.

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Tortueux vous disiez?
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Le mirador de la poitrine de fée et le rouge capotier

On visite au passage le palais du roi Hmong mélangeant influences architecturales chinoises et occidentales. Le roi, en son temps, joua un rôle clé dans le contrôle du secteur longtemps disputé aux Hmong par l’occident pour sa culture de l’opium notamment.

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Le palais du roi Hmong et un admirateur de Damien

L’itinéraire suit son cours et les paysages ne cessent de changer. Passées les plantations en terrasse, on découvre du côté de Tam Son les cultures parmi les rocs. Dans les villages, de plus en plus de femmes arborent jupes plissées et coiffes colorées propre à leur ethnie. Les hommes, eux, se couvrent à notre grande surprise de bérets basque, potentiellement inspirés des Français du temps colonial de l’Indochine.

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Des bérets basques au Vietnam ou la face cachée de la mondialisation
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Le chauffeur nous lâche à quelques kilomètres de la ville pour une balade champêtre
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Et il faut bien avouer que la campagne vietnamienne a son charme

L’escale du soir se fait dans la ville de Dong Van, la plus grosse du comté. Le phò traditionnel à chaque repas ayant eu raison de nous, nous optons pour une pizza dans un restaurant pas vraiment local (ni italien d’ailleurs) et nous rentrons   nous coucher au grand hôtel de la ville, moderne à souhait mais pas charmant pour un sou. Dehors ça pétarade et on imagine que les karaokés vont bon train. Demain c’est jour de marché et la ville est en liesse.

Réveil matin. 6h00. On s’réveille comme des fleurs. On engloutit notre phò et on file dans les allées bigarrées du marché. Ici s’achètent fruits, légumes, viande ; cochons, poules, veaux et chiens vivants ; tissus, jupes, bérets, chaussures ; ustensiles de cuisine, pioches, bêches, produits ménagers ; mais aussi toute la pharmacopée traditionnelle faite de poudres, pâtes d’oiseau ou de tigre.

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Pauvre tigrou
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Et pauvre toutou

Dans un coin, on échange de l’argent, petites coupures contre grosses coupures ou l’inverse. Les femmes farfouillent dans les jupons, tandis que les hommes goûtent l’alcool de riz ou écoutent le chant des oiseaux qu’ils ramèneront chez eux. Après deux heures à partager ces instants de vie vietnamienne, nous remontons à bord de notre mini-van en direction de Meo Vac, notre prochaine étape.

La route entre Dong Van et Meo Vac est magnifique et l’on s’imagine bien randonner au milieu des monts, le long des rivières et à travers les villages.

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Même avec la brume on trouve ça beau

A Meo Vac, on reprend une tranche de marché, un peu plus organisé cette fois-ci.

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Un vendeur bien dans ses pompes (et des femmes bien dans leur jupe)

On déjeune dans un bouiboui local avant de se lancer dans les 200 km qui nous séparent de notre lit pour la prochaine nuit. Ça somnole sévère à l’arrière du van alors que Tang conduit comme un chef le long des routes sinueuses tout en parlant sans discontinuer à Hieu. Ce dernier répond par de vagues « hmmm » et « ahh » et il nous avouera par la suite qu’il n’avait qu’une envie : nous imiter.

Le trajet se termine dans une épaisse purée de pois et tout le monde est bien content d’arriver à la maison d’hôtes qui nous accueille près du lac BaBe.

De la purée de pois, le temps vire à l’orage en soirée et notre dîner en terrasse se voit vite rapatrier à l’intérieur tant la pluie et le vent secoue le toit. On se dit que la balade sur le lac du lendemain risque d’être compromise, mais au matin le soleil brille dans un ciel dénué de nuage et on a le plaisir de découvrir la magnifique vallée rizicole qui fait face à nos chambres.

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Vue de la chambre au matin avec au fond le lac

Le beau temps est donc de la partie pour cette intense journée de visite qui commence par un tour en bateau sur le tranquille lac BaBe. Une pause à un temple syncrétique construit sur une île au milieu du lac et nous apprenons que les Vietnamiens célèbrent autant les dieux et déesses de la nature (ici la déesse-mère de l’eau) que Bouddha et les mandarins, sorte d’administrateurs de haut vol, qui géraient les différentes régions du temps des empereurs.

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Le lac Ba Be
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Et ses touristes

Nous poursuivons par une courte marche vers les cascades dispensables de Thac Dau Dang, mais ce qui nous épate le plus est l’immense grotte avec laquelle nous achevons la journée. Vingt minutes de vélos à fond les ballons à travers les vertes rizières du coin où s’échinent hommes et femmes (les uns labourant, les autres plantant) et nous voici seuls dans une grotte aux allures de cathédrale ! (La maman de Gisèle aura habilement esquivé l’éprouvant aller-retour de vélo au soleil en se faisant conduire par le preux chevalier Hieu sur son fidèle scooter).

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Ca plante partout en cette saison
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Sauf dans les grottes
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Tạm biệt le Nord !

Le séjour dans l’authentique Nord se termine déjà et le lendemain, après un rapide coup d’œil à la grande cascade de Thac Tat Ma, nous voici déjà de retour à Hanoï.

On prend nos quartiers pour une nuit dans un hôtel qui nous bluffe tant par son confort que par la qualité de son service. Ils offrent même une bouteille de vin de Dalat aux parents de Gisèle, qui se révélera par la suite assez imbuvable (et non pas révèleront…).

Piqués par la tentation exotique, et suivant surtout les conseils de Hieu, nous allons tester pour notre dernier dîner dans la capitale le fameux Cha Ca, un plat à base de poisson où chacun fait son mélange d’herbes aromatiques, cacahuètes, nouilles, sauce crevette et autres essence odoriférante de coléoptère. Un régal !

Un nouveau jour se lève et nous mettons le cap vers d’autres vertes contrées. Fini Hanoï, il est temps de prendre le large sur la mythique Baie d’Halong, ou plutôt sa petite sœur Bái Tu Long, toute aussi belle mais moins fréquentée.

Un bus tout confort passe nous chercher à l’hôtel et nous emmène droit vers le golfe du Tonkin. Là, une jonque moderne nous attend, prête à naviguer parmi les massifs karstiques aux pieds mouillés de la baie pendant deux jours et une nuit.

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La mythique baie d’Halong et ses jonques

A bord on découvre les chambres, petites mais luxueuses, du navire et on reçoit les habituelles instructions de sécurité, un cocktail de bienvenue et notre premier repas, si copieux que même Damien a dû mal à finir son assiette surtout après que deux françaises nous demandent de finir aussi leurs plats…

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Logés comme des rois
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Et nourris comme des princes

Pas le temps de faire une sieste digestive que l’animatrice nous embarque dans une excursion en kayak. Le point de vue au ras de l’eau couleur émeraude est magnifique et l’on glisse silencieusement entre les beaux massifs rocheux couverts de végétation (même si l’on doit dénoter quelques déchets plastiques flottants tristement dans ce cadre magique…). On ose piquer une tête dans les eaux de ce lieu unique avant de reprendre les rames et rentrer au bateau.

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Bateau sur l’eau …

La légende raconte qu’alors que le pays était envahi de monstres marins, un dragon, animal mythique au Vietnam, descendit du ciel avec ses enfants pour sauver les Vietnamiens. Ils crachèrent des joyaux qui se changèrent en rochers et firent fuirent les monstres. L’animal fabuleux descendit alors sur ce sol et ses mouvements creusèrent la Baie d’Halong, littéralement « là où le dragon descend dans la mer ». Les ébats d’un des enfants dragon firent naître la baie Bái Tu Long, « fils du dragon se prosternant ».

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Dragonesque

On bulle sur le pont en regardant le paysage incroyable qui nous entoure puis la nuit arrive et avec elle le dîner tout aussi gargantuesque que le déjeuner. S’ensuit une séance non concluante de pêche au calamar et une séance plus satisfaisante de papotage avec nos voisins de cabine avant que tout le monde n’aille finalement se coucher.

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La croisière s’amuse

On avait pourtant promis de se lever pour la session de Taï Chi du petit matin mais le confort du lit et le silence de la baie auront raison de notre résolution. Ce n’est pas le cas des parents de Gisèle que l’on découvre sur le pont, les canaux d’énergie bien ouverts et les gestes lents de cet art martial ancestral bien maitrisés.

L’excursion du jour nous dépose sur un des îlots karstiques pour y explorer une longue grotte débouchant sur de beaux points de vue. De retour au bateau, pas le temps de s’ennuyer que c’est déjà l’heure du cours de cuisine ! Les parents se révèlent une nouvelle fois bons élèves et préparent soigneusement des rouleaux de printemps avec le reste des passagers. Nous, on préfère passer notre tour et lézarder au soleil en profitant une dernière fois du panorama qui s’offre à nous.

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La vie est une grande baie tranquille

Le déjeuner marque la fin de la croisière dans la baie. On passe de la jonque au bus pour parcourir les 150 km qui nous sépare de Trang An au Sud-Ouest, et sa baie d’Halong terrestre. Paysage karstique quand tu nous tiens …

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Le Vietnam ça vous gagne !

Léger manque de reconnaissance mutuelle à l’arrivée sur Trang An quand nous attendons une bonne heure que le chauffeur de notre auberge vienne nous chercher alors que celui-ci attend aussi une heure que nous arrivions… L’auberge est immédiatement pardonnée quand nous découvrons nos chambres spacieuses et confortables installées dans de petits bungalows en bambou entre falaises karstiques et paisible rivière.

Étonnés par le nombre d’étals de bord de route présentant des carcasses de chèvre, nous demandons à la patronne ce qu’il en est, et nous voilà avec de la chèvre à dîner car c’est parait-il la spécialité locale.

Connaissant les talents de motard du père de Gisèle, on décide d’explorer les environs en scooter.

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Je n’reconnais plus Papa… en scooter Yamaha ! (Brigitte Bardot revisitée)

Le matin, on s’arrête à l’activité phare du coin qui consiste à visiter en barque une étendue d’eau d’où émerge d’incroyables structures géologiques et au milieu desquelles se cachent quelques temples, la fameuse baie d’Halong terrestre. Pour cela, on (essaie) de se fondre parmi les centaines de touristes locaux, mais nous somme rapidement débusqués et à chacun de sourire en nous voyant. L’affluence locale est bien gérée et les visiteurs sont dispatchés sur trois itinéraires distincts, évitant ainsi trop d’embouteillage.

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Parées à ramer !

Notre frêle embarcation est mue à la force des bras d’une femme, celles-ci semblent d’ailleurs avoir le monopole de la navigation sur le site. L’itinéraire choisi nous fait rejoindre des temples traditionnels au travers de grottes. On croise peu de monde et on repart ravis de cet arrêt pittoresque.

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Et vogue la galère !
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Trang An, hors du temps et de la furie des hommes

Quelques kilomètres de scooter plus loin et nous voici à l’assaut des marches du belvédère d’Hang Mua qui domine les environs.

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Les mollets ont travaillé dur mais le panorama vaut le coup d’oeil
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Des deux côtés d’ailleurs

On termine la journée avec une visite aux temples des rois Le à Hoa Lu qui fut la capitale du Vietnam pendant trois dynasties féodales. Beaucoup moins emballés par l’authenticité des lieux que les auteurs de notre Guide du Routard (ou peut-être beaucoup plus fatigués), on rentre à l’hôtel savourer une bière au calme en bord de rivière.

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Dernière (et première) partie de billard à l’hôtel

Le séjour à Trang An touche déjà à sa fin. Les sacs sur le dos (ou plutôt dans le taxi), on part en ville dans la soirée se sustenter d’une autre spécialité du coin, la soupe d’anguilles, avant de monter à bord du train qui nous emmène dans la nuit vers Hue, au centre du Vietnam.

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Une soupe d’anguille et au lit !

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